LE RÉSULTAT. Cela n'a absolument rien d'une surprise. L'ex-chef de l'armée Abdel Fattah al-Sissi a remporté jeudi, comme prévu, une victoire écrasante avec 96% des voix à la présidentielle en Egypte.
Son unique adversaire, Hamdeen Sabbahi a reconnu sa défaite jeudi. Vieille figure de la gauche et souvent considéré comme un simple faire-valoir, il n'empoche que 3,8% des suffrages validés, selon des résultats quasi-définitifs.
La rue en liesse. Ce véritable plébiscite a précipité dans les rues du Caire des milliers de supporters d'Al-Sissi. Concerts de klaxons, feux d'artifice, danses et chants ont retenti toute la nuit. Les télévisions publiques et privées, promoteurs unanimes du culte de la personnalité qui entoure l'ancien maréchal, ont rivalisé de longues heures de plateaux peuplés d'experts et commentateurs remplis d'extase.
L'abstention. Pendant toute la campagne, Abdel Fattah Al-Sissi réclamait avec obsession un adoubement populaire massif. Il a dû faire des pieds et des mains pour obtenir 21 millions de voix, sur les 45 millions qu'il avait espérées. Le scrutin a même été prolongé d'une journée pour permettre aux très nombreux abstentionnistes de se rendre aux urnes.
La coalition pro-Morsi, qui appelait au boycott, s'est félicitée d'avoir remporté "la victoire dans la bataille des bureaux de vote vides", y voyant "la chute du coup d'Etat militaire" du 3 juillet.
Façade. Les observateurs de l'UE ont trouvé jeudi que l'élection a été "organisée dans le respect de la loi", mais estimé du bout des lèvres que "la non participation de certains acteurs" de l'opposition a "compromis la participation de tous au scrutin".
Retour en arrière. Le score d'Abdel Fattah al-Sissi "nous ramène à une configuration qu'on espérait ne plus revoir après les révolutions arabes de 2011", déplore toutefois Karim Bitar, directeur de recherche à l'Institut de relations internationales et stratégiques en France. Trois ans, les militants des droits de l'Homme accusent le pouvoir d'être encore plus autoritaire que celui de Hosni Moubarak.
"Peu de gens auraient imaginé, à la chute de Moubarak, que trois ans plus tard, un maréchal en lunettes de soleil, nouveau pharaon, se ferait élire à 96%, sans même avoir présenté un programme ou fait campagne", poursuit ce spécialiste du Moyen-Orient.
Depuis la destitution par l'armée de l'ancien président islamiste Mohamed Morsi, toute voix dissidente est réprimée et les opposants décimés. L'implacable répression a fait plus de 1.400 morts dans les rangs des partisans des Frères musulmans, quelque 15.000 arrestations et des centaines de condamnations à mort expéditives.
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