La Birmanie est prête. Le pays mettait samedi la dernière main à la préparation des élections partielles de dimanche, cruciales pour évaluer la sincérité des réformes du gouvernement et qui devraient permettre l'entrée historique de l'opposante Aung San Suu Kyi au Parlement.
Beaucoup des 45 circonscriptions en jeu, disséminées dans tout le pays, étaient fin prêtes samedi. Sur les trottoirs, les habitants sont visiblement heureux de pouvoir enfin exprimer librement leur soutien politique. Il y a encore un an, parler de Aung San Suu Kyi en public était un acte politique rebelle et dangereux.
Aung San Suu Kyi déplore des irrégularités
De nombreux partisans, portant les T-shirts et les foulards rouges de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), ont collé le logo du parti sur leur visage: un paon couleur or au cou tendu vers une étoile blanche, sur fond rouge.
Aung San Suu Kyi a regretté vendredi que le scrutin ne soit pas "libre et juste" en raison d'irrégularités pendant la campagne. Mais elle a aussi insisté sur la nécessité d'y participer. "Une fois au parlement, nous pourrons travailler pour une véritable démocratisation", a-t-elle justifié.
"Nous tenons à voir des élections libres et justes", a déclaré comme en écho à Washington un porte-parole du département d'Etat américain, Mark Toner. "Nous avons pris note de certaines irrégularités", a-t-il ajouté.
Candidate dans la circonscription de Kawhmu
Après avoir mis un terme à ses déplacements il y a quelques jours à la suite de problèmes de santé mineurs, Aung San Suu Kyi s'est rendue samedi dans la circonscription rurale de Kawhmu où elle est candidate, à environ deux heures de route de Rangoun. Et la LND a installé un écran géant devant son quartier général.
Aung San Suu Kyi avait triomphé aux élections de 1990, sans que la junte ne reconnaisse les résultats. Elle était encore en résidence surveillée vingt ans plus tard, en novembre 2010, lors de législatives boycottées par la LND et qualifiées de mascarade par l'Occident.
Le pouvoir veut accroître sa légitimité
Mais depuis, la junte au pouvoir pendant des décennies s'est autodissoute en mars 2011 et a transféré ses pouvoirs à un gouvernement dit "civil", mais contrôlé par d'anciens militaires.
Cette nouvelle équipe, dirigée par le président et ancien général Thein Sein, a multiplié les réformes. Il a en particulier invité Suu Kyi à revenir dans le jeu politique légal dans l'espoir, selon les analystes, d'accroître la légitimité des réformes et d'obtenir la levée des sanctions économiques occidentales.