Les Grecs ont commencé à voter dimanche pour des législatives test installées comme un référendum pour ou contre le maintien de la Grèce dans la zone euro, dont les résultats sont attendus avec fébrilité dans le monde entier.
Après l'élection du 6 mai dernier qui n'a pas dégagé de majorité claire, les Grecs sont de nouveau appelés aux urnes pour un scrutin à un seul tour. Lors du précédent vote, les deux partis traditionnels qui se partagent le pouvoir en Grèce, se sont retrouvés dans l'impossibilité de former une coalition gouvernementale. Le pays avait assisté à une poussée de la gauche radicale et de l'extrême droite nazie. À la veille de ces élections législatives grecques, qui s'annoncent cruciales, le pays est en suspens.
La menace d'une sortie de l'euro
Les Grecs comptent bien sur ce scrutin pour ouvrir une nouvelle page de l'histoire du pays. Après 40 ans de clientélisme, la population espère voir émerger une nouvelle classe d'hommes politiques. Vu de l'extérieur, cette élection doit décider du maintien ou non de la Grèce dans la zone euro. Plusieurs dirigeants des pays membres de la zone euro menacent la Grèce d'une sortie de l'euro si le pays n'applique pas le plan de rigueur imposé depuis deux ans en échange des prêts internationaux.
Mais en Grèce, la question du maintien ou non du pays dans la zone euro ne se pose pas. 80% des Grecs veulent garder la monnaie européenne mais 80% ne veulent plus du plan d'austérité imposé par l'Europe. Deux ans après la mise en vigueur du premier plan d'austérité imposé par l'Europe, le chômage a augmenté de 20% et les salaires ont également chuté de 20%.
Un signal fort envoyé à l'Europe
La Grèce, actuellement au bord de l'implosion sociale, entend avec le vote de dimanche envoyer un signal fort à l'Europe. D'autant plus que le gouvernement a fait savoir qu'il n'avait pas les moyens de verser les salaires des fonctionnaires au-delà du mois de juillet. Sauf si l'Europe adopte un nouveau plan d'aide à la Grèce. C'est bien autour de cette question que va se jouer l'élection de dimanche.
Samedi, plusieurs dirigeants européens ont maintenu la pression sur les Grecs : Jean-Claude Juncker, président de l'Eurogroupe, a ainsi à nouveau invité les électeurs grecs à ne pas tourner le dos à la monnaie unique.
De son côté, Angela Merkel a exclu samedi une quelconque renégociation des termes de l'accord international de renflouement financier de la Grèce avec le vainqueur, quel qu'il soit, des élections législatives de dimanche. "C'est pourquoi il est si important que le scrutin grec débouche de préférence sur l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement disant: 'oui, nous honorerons ces accords'", a déclaré la chancelière d'Allemagne.
Bruxelles préférerait une victoire de la droite
Les deux favoris au coude à coude pour obtenir la majorité : la droite libérale de Nouvelle Démocratie et la gauche radicale de Syriza veulent tous les deux renégocier avec l'Europe.
Objectif : desserrer l'étau d'austérité qui étrangle le pays et allonger la durée du remboursement des 130 milliards d'euros du deuxième plan d'aide à la Grèce. Du côté de Bruxelles, une victoire de la droite est clairement préférée. Un succès éventuel d'Alexis Tsipras, 37 ans, dont le parti anti-austérité est au coude-à-coude avec le parti de droite Nouvelle Démocratie pour le scrutin du 17 juin, inquiète en effet certains milieux européens.