En Algérie, Bouteflika, "ça suffit !"

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MOUVEMENT -

En réaction à la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à un quatrième mandat, des Algériens se mobilisent.

L’INFO. Sa voix est presque inaudible. Le président algérien Abdelaziz Bouteflika s’est exprimé en public lundi pour la première fois depuis son AVC du 22 avril 2013, au Conseil constitutionnel, où il était venu en personne déposer son dossier de candidature à un quatrième mandat. Depuis des mois, l’état de santé d’Abdelaziz Bouteflika, 77 ans, au pouvoir depuis 1999, alimente les spéculations. D’autres candidatures ont été déposées, mais l’issue du scrutin fait peu de doute. Cette perspective n’est pas du goût de tous les Algériens et un mouvement vient de se créer pour lutter contre cette candidature. Son nom annonce la couleur : "Barakat !", ou "ça suffit !". 

"Le peuple, dernier partenaire associé". "En Algérie, la culture du pouvoir, c’est que le peuple est le dernier partenaire associé : on n’est jamais consultés", explique à Europe1.fr Mustapha Benfodil, écrivain, journaliste et cofondateur du mouvement lancé la semaine dernière.

Abdelaziz Bouteflika au Conseil constitutionnel :

Et pour Mustapha Benfodil, "confier un pays de la taille de l’Algérie à un [homme] sénile", c’est "d’une indécence sans nom". Le "clan du pouvoir" va "le laisser mourir sur le trône et ils vont tripatouiller la Constitution pour trouver un réaménagement" et faire d’un vice-président "le président réel", fulmine-t-il. En clair : "en ce moment, les tractations au sommet portent sur l’après-Boutef. On ne veut pas que les choses se passent sans nous".

Un sit-in réprimé à Alger. "Barakat" s’est constitué samedi, après un sit-in rassemblant une centaine de personnes et violemment réprimé à Alger. Mardi, les militants se sont retrouvés devant le Conseil constitutionnel pour réclamer le rejet du dossier de candidature d’Abdelaziz Bouteflika. Au passage, plusieurs d’entre eux ont été arrêtés par la police. La répression ? "Chez nous, c’est la routine", lance, laconique, l’écrivain. Une nouvelle manifestation est prévue jeudi.

La classe politique résignée. Dans la classe politique algérienne, un certain fatalisme prédomine. Plusieurs candidats ont renoncé à se présenter, comme le général à la retraite Mohand Tahar Yala, pour qui l’élection est "truquée d’avance". La question ne serait pas de savoir si Abdelaziz Bouteflika sera réélu, mais plutôt avec quelle participation. Dilem, le caricaturiste du journal francophone Liberté, résume la situation en un dessin :

C’est bien contre ce fatalisme qu’entend lutter "Barakat". "On essaie de relancer un peu, même si ça peut paraître galvaudé, la résistance", explique Mustapha Benfodil, pour qui le pouvoir politique algérien a "fabriqué des citoyens passifs". Depuis la création de la page Facebook du mouvement, il assure que le succès est au rendez-vous sur le web. Dans la rue, il est encore difficile d'estimer le poids de ce tout nouveau mouvement.

Pas un printemps arabe. L’écrivain insiste sur un point : pas question de lancer un "climat insurrectionnel" ou une "révolution". "On fait extrêmement attention à la question de la violence : nous avons vécu plus de dix ans de violences, qui ont détruit la société, martèle Mustapha Benfodil, ajoutant : "on ne veut surtout pas entraîner les Algériens dans cette direction".

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