L’ombre de la décennie noire plane sur l’Algérie. Au lendemain de la publication d’une vidéo montrant la décapitation de l’otage français Hervé Gourdel, la presse algérienne voit dans ce meurtre un retour à la période sanglante de crimes islamistes des années 1990.
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Trop de complaisance pour les islamistes. Le Matin d’Algérie est furieux. Furieux contre les terroristes, ce "groupe de pouilleux", ces "ignobles ravisseurs", qu’il appelle à "tous tuer". Dans son éditorial qui semble flirter avec la théorie du complot, Meziane Ourad appelle à éliminer les islamistes, "longtemps bordés", par les "autorités du pays" d'Hervé Gourdel. Le Matin tient clairement les démocraties occidentales responsables de ce "crime odieux".
Le Soir d’Algérie, lui, voit dans ce meurtre "la signature sanglante de Daesh", l’autre nom de l’Etat islamique. La consternation, la peur des habitants de la région, "qui avaient cru un moment que le calme était vraiment revenu en Kabylie" sont également un "retour à la case départ". "Beaucoup [d’habitants] ont encore bien frais en tête ce genre d’actes innommables", peut-on lire dans un autre article qui fait référence aux années noires du pays.
Retour sécuritaire 20 ans en arrière. Le journal revient sur la menace du "sanguinaire" Gouri Abdelmalek, à la tête du groupe "les Soldats du califat", "vraiment prise au sérieux" par les autorités algériennes, déployées dans la région. Tout comme le Quotidien d’Oran, le Soir d’Algérie décrit l’opération militaire, toujours en cours jeudi matin, pour retrouver le corps d’Hervé Gourdel : "Un maillage monstrueux qui ne laissait, disait-on, aucune chance aux éléments du groupe terroriste, à moins […] qu’ils aient pris une tout autre direction" que celle envisagée. La Dépêche de Kabylie décrit également par le menu les mesures sécuritaires et le déplacement de hauts gradés dans la région. Un renforcement des contrôles plus durs encore que pendant la Décennie noire, selon des habitants interrogés par El Khabar.
Comme le dessinateur du Soir d’Algérie, qui figure le Français en ange entamant sa "dernière ascension", le Matin rend hommage à "Hervé", lui qui "n’a jamais défié personne sinon la montagne".