En Allemagne, les anti-euro ont leur parti

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avec agences
"Alternative pour l’Allemagne", lancé dimanche, veut faire sortir Berlin de la zone euro.

Le parti. Dans le pays d’Angela Merkel, l’initiative étonne. Un tout nouveau parti vient de voir le jour en Allemagne, baptisé "Alternative pour l’Allemagne". Son programme est simple : faire sortir l’Allemagne de l’euro. Zoom sur cette formation politique lancée dimanche et qui espère bien entrer au Parlement à l’automne.

Un programme simple. Alternative pour l’Allemagne estime que l’introduction de l’euro a été une erreur et que Berlin doit quitter la monnaie unique. C’est à ce credo que se limite pour l’instant le programme du parti, même si son tout nouveau président, Bernd Lucke, a évoqué brièvement d’autres problèmes, comme le coût de l’énergie ou la faible natalité allemande, note la radio Deutsche Welle. Le parti assure qu’il n’est ni de gauche, ni de droite. Et espère ainsi faire son entrée au Parlement fédéral lors des élections de septembre.

bernd lucke, parti anti-euro, REUTERS

Fondé par des déçus de la CDU. Réuni dimanche en congrès inaugural dans un très chic hôtel de Berlin, le parti a élu son chef. Il s’agit de Bernd Lucke, un économiste de 50 ans, ex-responsable de la CDU de la chancelière Angela Merkel. L’autre fondateur d’Alternative pour l’Allemagne, Alexander Gauland, est lui aussi un déçu de la droite allemande. Ancien élu du Land de Hesse, il a claqué la porte après 50 années au parti. Le parti bénéficie aussi du soutien d’Hans-Olaf Henkel, l’ancien patron de la fédération allemande des industries.

Déjà 7.500 adhérents. La nouvelle formation peut déjà se targuer d’avoir séduit 7.500 adhérents, pour la plupart issus des partis conservateurs, mais aussi du Parti social-démocrate et des Verts. L’âge moyen des sympathisants "n’est sans doute pas très éloigné de celui d’un conclave du Vatican", note, ironique, Der Spiegel, précisant que le parti compte dans ses rangs de nombreux universitaires. Et de nombreux hommes : dimanche, il n’y avait selon la Deutsche Welle que 5% de femmes dans l’assistance. Le parti fait en tout cas très attention à vérifier les liens de chaque nouvel adhérent avec l’extrême-droite. Le NPD, le parti néo-nazi allemand, a en effet adressé des louanges un peu gênantes à Alternative pour l’Allemagne, qui ouvre "la porte aux critiques du NPD sur l’euro et l’UE". De quoi faire dire à Bernd Lucke que "les applaudissements viennent du mauvais côté".

allemagne parti anti-euro REUTERS

Des sondages prometteurs. Alternative pour l’Allemagne pourrait bien faire recette : d’après un sondage récent pour le magazine Focus, 26% des Allemands seraient prêts à voter pour un parti anti-euro, un chiffre qui atteint même les 40% pour la tranche 40-49 ans. Pour pouvoir se présenter aux élections fédérales prévues en septembre, les candidats du parti devront tout de même réussir à récolter au moins 200 signatures d'électeurs dans les circonscriptions où ils se présenteront. Et pour entrer au Parlement fédéral, le parti doit impérativement franchir la barre des 5% de voix.

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Une économie en trop bonne santé ? Pour un politologue interrogé par le site Thelocal.de, la relative prospérité de l’économie allemande risque, paradoxalement, de compliquer les choses pour le nouveau parti. Alternative pour l’Allemagne "fait campagne sur une plateforme purement économique, mais pour le moment, les Allemands sont satisfaits de la situation dans le pays et cela compense leur insatisfaction vis-à-vis de l’euro", analyse Simon Franzmann. Comme le souligne Axel de Tarlé dans son Zoom éco sur Europe 1, les Allemands tirent aussi de grands avantages de l’euro, notamment sur le plan commercial. Et d’un point de vue budgétaire, l’Allemagne a aussi intérêt à rester dans l’euro, qui lui permet d’emprunter à des taux historiquement bas.

> Dans son Zoom éco, Axel de Tarlé explique pourquoi les Allemands n’ont aucun intérêt à sortir de l’euro :