En Corée du Nord, on vote pour recenser les déserteurs

Des élections parlementaires ont eu lieu en Corée du nord dimanche 9 mars.
Des élections parlementaires ont eu lieu en Corée du nord dimanche 9 mars. © REUTERS/Kyodo
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avec AFP , modifié à
Un seul candidat par circonscription, obligation de voter : d'étranges élections parlementaires ont eu lieu dimanche. 

100% d'approbation. Les Nord-Coréens ont quasiment tous voté dimanche 9 mars à l’occasion d’une élection parlementaire. Dans chacune des 687 circonscriptions, un seul candidat avait été désigné. Un exercice qui permet aux autorités nord-coréennes de recenser les défections à l'étranger. Sur les bulletins de vote, les électeurs n'ont qu'à choisir entre "oui" et "non". Et les électeurs obtempèrent : le taux de participation en 2009 était de 99,98%, avec un taux d'approbation des candidats de 100%. Dimanche soir, les autorités, via l'agence de presse d'Etat KNCA, annonçaient que tous les électeurs avaient voté, à l'exception de ceux qui se trouvaient à l'étranger. Pour les malades ou infirmes, une urne est apportée à domicile.

Une propagande bien huilée. Les médias officiels ont largement rappelé le devoir "de tout individu" d'aller voter, promouvant le scrutin et la participation électorale en publiant des poèmes intitulés "Flots de l’Émotion et du Bonheur".Il s'agit de la première élection de l'Assemblée suprême du peuple depuis l'arrivée au pouvoir de Kim Jong-Un après la mort de son père, en décembre 2011. Comme Kim Jong-Il avant lui, Kim se présentait dans la circonscription numéro 111, près de la frontière chinoise. La télévision y montrait des centaines de soldats faisant la queue pour déposer leur bulletin dans l'urne, avant de s'incliner devant les portraits de Kim Il-Sung et Kim Jong-Il accrochés au mur.

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© DR/REUTERS

Circonscription symbolique. Cette circonscription, celle  du Mont Paektu, est considérée comme sacré par les Nord-Coréens car le fondateur du pays, Kim Il-Sung, grand-père de Kim, y établit un camp de guérilla antijaponaise du temps de la colonisation de la Corée par le Japon. L'historiographie officielle du régime veut que Kim Jong-Il soit né sur cette montagne, en 1942. Les élections parlementaires se tiennent normalement tous les cinq ans et l'assemblée ne se réunit qu'une ou deux fois par an, souvent lors d'une session unique d'une journée pour voter le budget et entériner les décisions prises par le parti des Travailleurs.
 
Signe de disgrâces. Le réel intérêt du scrutin pour les observateurs étrangers est de découvrir la liste finale des candidats, susceptible de fournir des indications sur les grâces et disgrâces au sein du régime après la purge ordonnée l'an dernier par Kim Jong-Un. Le dirigeant nord-coréen a écarté un certain nombre de personnalités du cœur du pouvoir et fait exécuter plusieurs cadres dont son propre oncle et mentor, mis à mort en décembre sous l'accusation de trahison et corruption.

Un recensement pour repérer les exilés. Le scrutin sert aussi au régime de recensement populaire, puisque des fonctionnaires chargés de l'organisation de l'élection se rendent dans chaque foyer pour s'assurer de la présence ou de l'absence des électeurs inscrits. "Une élection permet de révéler la fuite d'un Nord-Coréen en Chine ou en Corée du Sud", explique New Focus International, un site animé par des réfugiés nord-coréens au Sud. Kim Jong-Un a renforcé la sécurité aux frontières pour tenter de limiter les chances des candidats à l'exil. Plus de 1.500 départs vers la Corée du Sud, via la Chine, ont été néanmoins enregistrés l'an dernier.

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