Une victoire mais des doutes. 36% des suffrages, huit points d'avance sur Démocratie Nouvelle, le parti conservateur, Syriza a été largement plébiscité par les électeurs lors des élections législatives qui se sont tenues en Grèce dimanche. Largement, mais pas entièrement, puisqu'une partie de la population s'inquiète de l'arrivée au pouvoir de la formation politique menée par le futur Premier ministre Alexis Tsipras.
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Les classes moyennes supérieures craintives. Parmi ces sceptiques, les membres de la classe moyenne supérieure grecque : fonctionnaires déjà touchés par les économies drastiques réalisées dans les services publics depuis le premier plan d'austérité lancé en 2010, chefs d'entreprises étouffés par la chute de la consommation… Tous craignent d'être les premiers sollicités par Syriza pour mener son programme de redistribution sociale destiné à sauver un pays où le taux de chômage atteint les 50% chez les moins de 25 ans.
L'équation de la redistribution sociale. Et pour cause, le parti de la gauche radicale grecque a été élu sur un axe fort : redonner les droits sociaux dont ont été privés les plus démunis. Au micro d'Europe 1, Nikos Aliagas explique notamment que 300.000 Grecs ne bénéficient plus de couverture sociale. Pour étendre la protection sociale à toute la population et augmenter le salaire minimum à 751 euros comme promis (contre 586 aujourd'hui), Syriza ne peut pas compter sur un excédent budgétaire : la Grèce est encore plombée par une dette publique, qui représente aujourd'hui 175% du PIB (contre 130% en 2010, avant le premier plan d'austérité).
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"La classe moyenne d'antan n'en est plus une". Le calcul des classes moyennes supérieures est simple. S'il ne peut pas puiser dans les caisses, le gouvernement risque de les taxer un peu plus. Inacceptable pour Anna, professeur de français licenciée il y a deux ans déjà. Elle qui vit sur les revenus de son mari, ingénieur dans la fonction publique, s'inquiète de l'évolution de la société grecque : "La classe moyenne d'antan n'en est plus une. Mon mari touche 1.400 euros par mois après trente ans de service (le salaire moyen atteignait 817 euros nets en 2013, ndlr). Sur les dernières années, son salaire a baissé de 45%. Tout ce que nous avons gagné, nous l'avons dépensé. Et je ne parle pas de voyages ou de voitures, je parle de besoins quotidiens."
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"Tsipras devra piocher dans notre épargne". Même son de cloche dans le quartier de Voula, à Athènes, où Vretou Vassiliki dirige une entreprise de maroquinerie. La semaine dernière, elle s'est rendue à la banque pour retirer toutes ses économies, de peur que Syriza puise dans son épargne pour financer ses réformes : "La banque m'a dit pour me rassurer 'ne vous inquiétez pas, l'argent est en sécurité'. Mais je sais bien que ce n'est pas vrai, ils m'ont dit ça pour garder leur provisions. Je leur ai répondu que j'allais attendre deux-trois mois et que si d'ici là, ce n'était pas la panique, je redéposerais peut-être cet argent à la banque. Mais je suis certaine que Tsipras devra piocher dans notre épargne, tout simplement parce qu'il n'y a aucune autre source de revenus."
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Le spectre du credit crunch ? La dernière fois que les Grecs s'étaient rendus en masse aux guichets des banques pour retirer leurs économies, c'était en 2011, au moment où l'Union Européenne envisageait ouvertement une sortie du pays de la zone euro. A l'époque, ils avaient retiré 55 milliards d'euros, entraînant une contraction du crédit interbancaire (quand tous les épargnants retirent leurs fonds, les banques ne peuvent plus se prêter les unes aux autres, le phénomène est aussi appelé credit crunch, ndlr). Une forte turbulence dont Alexis Tsipras et Syriza n'ont vraiment pas besoin pour relever un pays exsangue économiquement.
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