L'info. Le pouvoir a finalement reculé en Hongrie. Le Premier ministre, Viktor Orban, a annoncé vendredi le gel de son projet de taxe sur le trafic internet, suite de vastes manifestations contre cette mesure, également dénoncée par l'Union européenne. Un projet qui avait provoqué la colère des citoyens. Ils étaient des dizaines de milliers à manifester dans les rues de Budapest ces derniers jours, mettant la pression sur le pouvoir, qui a donc fini par céder. Au-delà du projet de taxe sur l'utilisation d'Internet, c'est plus largement l'attitude du Premier ministre Viktor Orban et de son gouvernement qui est critiquée dans les rues hongroises. L'europhobie du leader du Fidesz, la parti majoritaire dans le pays, a attisé la colère d'une partie de la population.
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Les opposants à cette taxe, censée contribuer à la fois à la régulation du secteur et à la réduction du déficit budgétaire, ont crié victoire après cette reculade inhabituelle de la part d'un Premier ministre accusé de dérive autocratique par ses adversaires.Les manifestations contre ce projet ont servi de catalyseur au mécontentement d'une partie de la population, dénonçant une dérive liberticide de la part de Viktor Orban depuis son retour au pouvoir en 2010.
La déclaration. Le chef du gouvernement, qui s'appuie sur une majorité des deux tiers au Parlement, ne paraît toutefois guère menacé puisque les prochaines élections ne sont prévues qu'en 2018 et que l'opposition de gauche est en lambeaux après un large revers électoral en avril dernier. "La taxe ne peut pas être introduite dans sa forme actuelle", a déclaré Viktor Orban à l'antenne de la radio publique. "Si le peuple n'approuve pas une chose, et si de plus il la considère comme déraisonnable, alors elle ne doit pas être faite." Il a toutefois souligné que le projet n'était pas purement et simplement abandonné. Le gouvernement engagera des consultations en 2015 au sujet de la régulation d'internet et des moyens susceptibles de prélever une partie des revenus générés par ce secteur.
Si le chef du gouvernement a décidé de faire machine arrière, il estime tout de même que son projet pose "deux questions" qui devront être débattues au cours de la consultation annoncée."Il y a la question de savoir ce qu'on peut et ce qu'on ne peut pas faire en matière de régulation d'internet et il y a la question financière d'internet", a-t-il dit. "Nous devons déterminer où vont les énormes profits générés en ligne et voir s'il existe un moyen pour en conserver une partie en Hongrie afin d'alimenter le budget." Le projet gouvernemental prévoyait dans un premier temps de taxer les transferts de données à un taux de 150 forints pargigaoctet (environ 50 centimes d'euros).
Un chef de gouvernement liberticide ? Face à la contestation, le pouvoir avait proposé un système forfaitaire de 700 forints (2,27 euros) par mois pour les particuliers et 5.000 forints (16,22 euros) pour les entreprises. Depuis son retour au pouvoir en 2010, Viktor Orban est accusé par ses adversaires de museler les voix discordantes au sein de la société civile, de restreindre la liberté des médias et de flatter les sentiments nationalistes d'une partie de la population.
Un soutien populaire encore large. Il a procédé à des modifications de la Constitution, à une réforme du fonctionnement de la Banque centrale hongroise et à la création de taxes sectorielles visant essentiellement les entreprises étrangères, ce qui a suscité l'inquiétude de l'UE quant au respect des principes démocratiques en Hongrie. Viktor Orban rejette ces accusations. Il peut se prévaloir du soutien des électeurs qui ont accordé à son parti, le Fidesz, près de 45% des voix en avril, soit exactement une majorité des deux tiers au Parlement.