Ils ont dû fuir, sous la pression des djihadistes. Prostrée au fond d’un gymnase à Erbil, Aïda a quitté son foyer comme 1,6 millions d’Irakiens (de minorités chrétiennes, mais aussi des musulmans chiites) selon l’Organisation internationale des migrations. Après avoir trouvé refuge au Kurdistan, elle raconte ce que l’Etat islamique lui a fait subir. Aujourd’hui, elle n’a plus qu’une idée en tête : le sort de sa fille de 4 ans, que des hommes de l’organisation terroriste ont enlevée alors qu’elle tentait de fuir Karakosh, il y a douze jours.
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"Que peuvent-ils faire" à une enfant ? Mais dans le bus qui l’éloignait de la plus grande ville chrétienne d’Irak passée début août aux mains de l’Etat islamique, "un des militants [de l’Etat islamique] est entré. Il m’a arraché ma fille des bras", raconte cette femme. "C’est la dernière fois que je l’ai vue et je ne sais pas ce qui lui est arrivé depuis", dit-elle au micro d’Europe 1. "Mais que peuvent-ils bien faire à une fille de 4 ans ?", s’interroge l’Irakienne.
Pour elle, ces hommes "sont des terroristes", qui "font ce qu’ils veulent". Pour autant, Aïda ne perd pas espoir. "Inch’Allah", elle reverra très vite sa fille, prie cette chrétienne, pour bien montrer qu’elle n’en veut pas aux musulmans, mais aux djihadistes.
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"Des femmes enlevées, violées et vendues". Ces hommes ont semé la terreur dans le nord de l’Irak, et notamment dans la communauté yazidi. Vian, une députée, centralise les témoignages sur les exactions commises par les hommes de l’Etat islamique. Elle raconte que, "dans un village, 600 femmes ont été regroupées dans une pièce". Puis "les djihadistes viennent, en choisissent une et la violent devant tout le monde" et "recommencent". La députée raconte que deux d’entre elles "ont réussi à s’échapper pendant la nuit, mais c’est trop rare".
Vian n’en revient pas : "On est en 2014 et les femmes sont enlevées, violées et vendues à des étrangers". Dans un récent rapport, Amnesty international a dénoncé un "nettoyage ethnique" en cours contre les minorités des zones contrôlées par l’Etat islamique. Selon l’ONG, les chrétiens asyriens, les chiites turkmènes, les yazidis, les kakaï ou encore les mandéens. La Haut-commissaire adjointe de l’ONU aux droits de l’Homme, Flavia Pansiera, a évoqué des rapports qui "révèlent des actes une échelle d’inhumanité qui est inimaginable", évoquant des assassinats ciblés, des conversions forcées et le recours à l’esclavage et la torture.