En Turquie, la une de "Charlie" interdite sur le web

Le quotidien d'opposition turc Cumhuriyet a publié quatre pages de Charlie Hebdo mercredi. © CAPTURE D'ECRAN
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avec AFP , modifié à

Le quotidien d'opposition Cumhuriyet a publié quatre pages de Charlie Hebdo dans son édition de mercredi. Mais la justice a interdit la reproduction de la une de l'hebdomadaire sur Internet.

En Turquie aussi, la sortie du nouveau numéro de Charlie Hebdo a donné l'occasion à la justice de faire preuve une nouvelle fois des limites à la liberté d'expression dans le pays. Alors qu'un journal a publié quatre pages traduites en turc de l'hebdomadaire satirique français, la diffusion sur internet de la une représentant Mahomet a été interdite par un juge, mercredi. Ahmet Davutoglu, le Premier ministre turc, avait pourtant défilé à Paris, dimanche, en hommage aux victimes des attentats en Île-de-France la semaine dernière.

Dans sa décision, le tribunal turc argumente que "la liberté d'expression n'autorise personne à dire tout ce qu'il veut. Les mots, écrits, dessins et publications qui dénigrent les valeurs religieuses et le prophète constituent une insulte pour les croyants". Sur la une de Charlie Hebdo, le prophète Mahomet est dépeint une larme à l’œil, tenant une pancarte Charlie Hebdo et surmonté des mots : "Tout est pardonné".

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L'édition turque, "la plus importante".Charlie Hebdo a été traduit dans plusieurs langues, dont l'espagnol, l'anglais et l'arabe pour des versions numériques, ainsi que l'italien et le turc pour des versions papier. En Italie, c'est le quotidien Il Fatto Quotidiano qui publie Charlie Hebdo dans ses pages, selon Libération. Mais pour le rédacteur en chef de l'hebdomadaire, Gérard Biard, la version turque est "la plus importante". "S'il n'y avait qu'un média avec lequel je voulais travailler, c'était celui-là, car la Turquie vit un moment difficile et la laïcité y est attaquée", a-t-il souligné.

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Après un long débat, le quotidien turc, fondé en 1924 par un proche de Mustapha Kemal Atatürk, le fondateur de la Turquie moderne et laïque, a décidé de ne pas publier l'intégralité du numéro de Charlie Hebdo, mais d'en reprendre quatre pages. On y retrouve toutefois la une de l'hebdomadaire, ce dessin de Luz qui représente Mahomet, la larme à l’œil et une pancarte "Je suis Charlie" à la main.

"Dans ces pages, il n'y a pas de contenus susceptibles d'offenser quelque croyance que ce soit", a souligné le rédacteur en chef du quotidien turc, Utku Cakirözer. "Nous avons agi de manière très précautionneuse, par exemple en ne publiant pas la couverture de Charlie Hebdo" en "une" du journal, a-t-il ajouté.

Une descente de police à l'imprimerie. La décision semble tout de même avoir provoqué la fureur des autorités, selon un journaliste de la version turque de la BBC. Sur Twitter, il raconte que la police a investi l'imprimerie du journal avant d'autoriser la diffusion, au bout d'une heure. 

Il explique aussi qu'un cordon de police a été mis en place autour du journal.  Des forces de l'ordre ont ainsi été déployées autour du siège de Cumhuriyet à Istanbul et de sa rédaction à Ankara pour parer à tout incident.

Dans la région, d'autres pays ont interdits la reproduction des caricatures. Au Liban, le bureau censure de la Sûreté générale a promis des poursuites à tout organe de presse qui les publierait.