Sous les arbres de l'avenue Bourguiba, à Tunis, Najoua sort d'un entretien d'embauche. Un voile islamique encadre le joli visage de cette diplômée en imagerie médicale. Comme une grande partie des Tunisiens – plus de 30% selon les dernières estimations – elle a choisi de donner sa voix au parti Ennahda lors des élections de l'Assemblée constituante, pour se sentir respectée.
"Dans la société, on n'accepte pas celles qui portent le voile. Peut-être que lorsqu'Ennahda sera au pouvoir, il y aura plus de respect envers nous, nous allons trouver notre place ici, dans notre pays", a-t-elle déclaré à l'envoyé spécial d'Europe 1 à Tunis. Elle espère aussi que son vote lui permettra de sortir de quatre ans de chômage.
Peu pratiquant
Le mari de Fajoua, Faouzi, est professeur de technologie. Lui aussi a voté Ennahda, parce que le parti représente, selon lui, la meilleure rupture avec l'ancien régime, celui de Ben Ali. Il l'a également choisi pour ses compétences et son programme : "il contient beaucoup de cadres, de professeurs et d'ingénieurs. De plus, ils sont clairs, plus que les autres. Ils touchent la société, ils ne sont pas comme les autres. Les autres partis, ils veulent que 10% vivent dans le confort, et les autres restent misérables, comme dit Victor Hugo. Je ne veux pas ça. Je veux la justice".
Faouzi n'a pas choisi Ennahda pour son aspect religieux. Peu pratiquant, il pense que le parti islamiste n'imposera pas de règles religieuses strictes, comme en Arabie Saoudite. A l'instar de nombreux Tunisiens, il cite le modèle turc et ses islamistes modérés, qu'il considère comme un modèle de développement pour la future Tunisie.