La chute de Ben Ali annonce le retour en Tunisie de plusieurs leaders politiques exilés depuis de nombreuses années. Parmi eux, Rached Ghannouchi, le leader d’Ennahda (“Renaissance“ en français), un parti politique islamiste.
Réfugié à Londres depuis les années 90, Rached Ghannouchi a annoncé lundi qu'il préparait son retour en Tunisie et qu'il est prêt à travailler à la formation d'un gouvernement d'union nationale. Son parti, interdit sous le régime Ben Ali, va demander sa légalisation et entend devenir une force politique "comme les autres", a annoncé mardi un autre de ses dirigeants, Ali Laraidh.
Forcé à l’exil par Ben Ali
Condamné à la peine de mort sous l’ère Bourguiba, Rached Ghannouchi a ensuite été gracié par Ben Ali. Mais lui et son parti n’ont néanmoins jamais pu se présenter aux élections en Tunisie, son parti ayant été décimé par la première vague de répression du régime Ben Ali en 1989.
Ben Ali déchu de ses fonctions, Rached Ghannouchi considère désormais que son parti est autorisé en Tunisie. Ennahda se serait même allié avec une partie de l'opposition, jusque-là illégale, sur la base d'un "code de bonne conduite", selon les informations du journal Le Figaro. Mais, "pour l'instant, il n'y a pas de contact" entre lui et la nouvelle équipe au pouvoir, a-t-il déclaré au journal Libération.
"Nous sommes un mouvement pacifique"
En vertu de cet accord, le parti politique islamiste a notamment accepté le statut de la femme et le droit à l'avortement, et se compare à l'AKP d’Erdogan, en Turquie.
“Nous sommes pour toutes les libertés démocratiques“, se défend Ajmi Lourimi, un proche de Rached Ghannouchi, en précisant le positionnement de l’Ennahda au micro d’Europe 1. “Nous sommes le produit de la culture tunisienne, du système éducatif tunisien, nous sommes le prolongement du mouvement réformiste, nous ne sommes pas venus d’une autre planète“, explique-t-il.
"Nous sommes un mouvement pacifique", se défend Ajmi Lourimi :
Pas de candidat à la présidentielle
Rached Ghannouchi a par ailleurs indiqué qu'aucun candidat de l'Ennahda ne serait présenté à la future élection présidentielle, mais que le parti comptait tout de même participer aux législatives.
"Il y a eu en Tunisie une révolution du peuple qui a revendiqué des droits sociaux et politiques. On ne veut pas avoir l'air de récupérer ce mouvement“. [...] Nous faisons très attention à ce qui se passe depuis le 11 septembre (2001), à la perception de l'islam ou de conflits entre Orient et Occident. On ne veut ni de la violence ni de la peur", a assuré le leader de l’Ennahda.