C’est l’occasion rêvée pour les partisans de la République en Espagne. Après l’abdication du roi Juan Carlos, les antimonarchistes appellent à manifester lundi soir, dans tout le pays, aux cris de "España, mañana, sera republicana !" (l'Espagne, demain, sera républicaine!). Ces militants ne veulent pas de l’héritier Felipe sur le trône et refusent même purement et simplement l'existence d'une monarchie en Espagne.
Au pied du Palais royal, un Madrilène est catégorique au micro d'Europe 1 : "Je ne veux ni du roi, ni de son fils. Qu'ils partent, bon débarras. Ils sont tous corrompus".
Les partis traditionnels supplantés par les petits partis. Tandis que les deux plus grands partis du pays, le Parti populaire, au pouvoir, et le Parti socialiste ouvrier espagnol, ont adoubé le fils de Juan Carlos, plusieurs partis politiques se rangent du côté des Républicains.
En première ligne, les petits partis qui ont tiré leur épingle du jeu lors des dernières élections européennes. Les radicaux de la Gauche unie, bien sûr, traditionnellement positionnés contre la monarchie, mais aussi les écologistes ou Podemos. Né du mouvement des Indignés espagnols, ce dernier parti a recueilli 7,97% des voix lors du scrutin européen. "Si Felipe de Bourbon a la confiance des Espagnols, qu’il se présente à une élection", réclame Pablo Iglesias, son médiatique chef de file.
C’est donc un appel au référendum que lancent les Espagnols républicains. Avant de se retrouver dans les rues, ils se réunissent sur les réseaux sociaux à coups de hashtags, comme #EligeTuRey (élis ton roi) ou #IIIRepublica pour l’instauration d’une nouvelle République et la fin de la monarchie parlementaire.
Entre ceux qui ont vécu sous Franco et les plus jeunes, le soutien (ou non) à la monarchie creuse le fossé générationnel espagnol.
>> A lire aussi : Les casseroles de Juan Carlos
Felipe arrivera-t-il à dépasser les scandales ? S’il semble plus proche du peuple, avec ses jeans et sa femme roturière, Felipe doit composer avec l’image de sa famille écornée par les scandales. En 2012, en pleine crise économique, le roi Juan Carlos s’affiche lors d’un luxueux safari au Botswana. En janvier 2014, c’est la mise en examen pour fraude fiscale de la sœur de Felipe, Cristina, qui scandalise l’Espagne. L’infante est finalement mise hors de cause.
D’ici son couronnement fin juin, Felipe devra donc faire face à la fronde d’une partie de son peuple. Début mai, une enquête d’El Mundorévélait que moins d’un Espagnol sur deux se déclarait en faveur de la monarchie. Mais le futur roi peut compter sur 63% d’opinions favorables, contre 41% pour son père.
DISCOURS - Juan Carlos abdique pour favoriser le "renouvellement"
INFO - Le roi d’Espagne abdique
SCANDALES - Juan Carlos, de mal en pis