L’INFO. Le train accidenté mercredi à Saint-Jacques de Compostelle, dans le nord-ouest l'Espagne, "a freiné trop tard", affirme vendredi le journal El Pais, l'enquête semblant s'orienter sur une possible insuffisance du système de freinage. L'un des deux conducteurs du train, placé en garde à vue "pour imprudence", a refusé vendredi de répondre aux question des enquêteurs.
L'accident, qui a fait 78 morts s'est produit alors que le train venant de Madrid abordait un virage très serré, à environ quatre kilomètres de la gare de Saint-Jacques de Compostelle. Le convoi, un train traditionnel, circulait à ce moment-là sur une ligne de voie à grande vitesse, mais où la vitesse est limitée à 80 kilomètres heure.
L’alarme s’est allumée. "Les systèmes d'alerte de la voie ferrée ont sauté en repérant que Francisco José Garzon Amo, le chauffeur du train, circulait à 190 kilomètres heure alors qu'il n'aurait pas dû dépasser les 80", écrivait vendredi El Pais, qui avait la veille révélé des extraits d'une conversation par radio entre le chauffeur et la gare juste avant et après l'accident.
Capture de la vidéo de El Pais qui montre le même trajet que celui de l'accident, mais à allure normale :
"L'alarme, comme l'a reconnu le chauffeur lui-même, s'est allumée dans le tableau de bord et il a essayé de freiner, sans pouvoir empêcher la tragédie", ajoute le journal.
Le chauffeur légèrement blessé. Le chauffeur, âgé de 52 ans, travaille depuis 30 ans à la Renfe, la compagnie publique des chemins de fer espagnols, et depuis 2000 comme chauffeur. Une brève vidéo diffusée jeudi par un média internet a montré un train fou surgissant à grande vitesse sur la voie à l'entrée de la courbe, puis sortant des rails et se couchant sur le côté.
Légèrement blessé dans l'accident, l'homme a été placé en garde à vue. "Je devais aller à 80 et je vais à 190", a lancé le chauffeur, selon l'enregistrement de cette liaison radio qui, selon El Pais, a été transmise au juge chargé de l'enquête. Vendredi, il a refusé de répondre aux questions des enquêteurs qui voulaient l'interroger à l'hôpital. Il doit être "présenté à un juge le plus tôt possible".
Pas de système de contrôle. La voie empruntée par le train, en raison du passage régulier de TGV, est équipée d'un système de contrôle automatique de la vitesse, baptisé ERTMS. Mais celui-ci "n'est pas installé" à cet endroit précis, avait expliqué jeudi Juan Jesus Garcia Fraile, secrétaire général du syndicat espagnol des conducteurs de train.
Le système en vigueur sur ce tronçon est le système ASFA (Anuncio de señales y frenado automatico), qui contrôle surtout le respect des signaux de signalisation, ce qui en fait "un système un peu plus dépendant du facteur humain", avait-il ajouté.