"Il faudra faire des coupes partout, sauf dans les retraites". Voilà comment pourrait être résumé le programme de Mariano Rajoy, le leader du Parti populaire (PP) de droite qui a accédé au pouvoir dimanche en Espagne, à l'issue des élections législatives. Les erreurs répétées des socialistes de José Luis Rodriguez Zapatero (PSOE) lui ont profité. La droite revient au pouvoir sept ans après l'avoir abandonné à la gauche.
Le Parti populaire obtient 186 sièges au Congrès, la chambre basse du Parlement, contre 111 pour le Parti socialiste. C'est le meilleur résultat pour la droite depuis le retour en Espagne de la démocratie au milieu des années 1970. Pour les socialistes, il s'agit du pire.
La gauche indépendantiste basque fait son entrée au Parlement. La coalition indépendantiste basque Amaiur, issue de la mouvance Batasuna, le bras politique de l'ETA, illégal depuis 2003, aurait recueilli 6 à 7 sièges.
Rajoy a promis des mesures d'austérité plus fortes
Avant même d'être nommé au Palais de la Moncloa, Mariano Rajoy a prévenu qu'il serrerait la vis. Quelques minutes avant l'officialisation des résultats, le chef du PP qui avait déjà la victoire acquise a déclaré que l'Espagne ne pourrait pas accomplir de miracle pour s'extraire de la crise, mais que le pays devait regagner le respect sur la scène européenne. Il a annoncé un "effort solidaire" pour "tous", mais "pas de miracle", même s'il a promis de "faire la guerre à la crise".
Parmi ses priorités, il devrait nommer un "poids lourd" à la tête du ministère de l'Economie pour aménager des mesures d'austérité douloureuses. Le probable nouveau chef du gouvernement, qui ne sera pas intronisé avant le 20 décembre, a réclamé aux marchés boursiers un peu de patience. "Nous espérons qu'ils (les investisseurs) réalisent qu'il y a des élections ici et que ceux qui l'emporteront auront droit à un minimum de temps, de préférence plus d'une demi-heure", a-t-il ironisé, lors d'un entretien accordé à la radio.
Le leader du Parti populaire devrait rapidement prendre des mesures fortes afin de rassurer les marchés et la zone euro. Plusieurs mesures économiques de poids sont attendues. Dans son programme, le candidat de droite s'engage à respecter l'objectif de déficit fixé à 4,4% pour 2012 et à recapitaliser les banques souffrant d'un gros déficit après la réévaluation de leurs actifs au juste prix du marché.
Coup de canif sur les aides sociales
Le PP envisage aussi une consolidation du secteur bancaire pour réduire le nombre de banques, en encourageant par exemple la fusion des établissements les plus faibles. Le Parti Populaire pourrait également faire de nouvelles économies dans le secteur public et le budget des régions. Il pourrait aussi toucher à la réforme de la dépendance, qui "n'a pas atteint son but et coûte trop cher". Les aides aux énergies renouvelables devraient aussi être revues à la baisse.
Le coup de canif dans les dépenses impactera directement les plus touchés par la crise. Une réforme des conventions collectives est prévue pour mettre fin à l'indexation des salaires sur l'inflation et l'aligner sur l'évolution de la productivité. Mariano Rajoy devrait aussi réduire de moitié le nombre de journées de travail prises en compte dans le calcul des indemnités de licenciement.