L'info. En plein scandale sur l'espionnage électronique de masse d'Internet par les Etats-Unis, Facebook a cherché à éteindre l'incendie vendredi soir. Le réseau social a donc joué la carte de "la transparence"... dans la limite autorisée par l'administration américaine, soit sur une période de six mois.
Lors du seul deuxième semestre de l'année 2012, Facebook a reçu de la part des autorités américaines entre 9.000 et 10.000 demandes d'information sur 18.000 à 19.000 comptes, a révélé vendredi soir le géant de l'Internet après avoir obtenu le feu vert de l'administration américaine pour faire ces révélations. Facebook assure ne pas systématiquement donner suite à ses requêtes mais, selon une source proche du dossier, ce serait le cas pour 79% des demandes.
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Des révélations "autorisées". La publication d'informations limitées vendredi soir par Facebook sur certain nombre de demandes du gouvernement américain a été rendu possible par un accord préalable passé avec le gouvernement américain. D'autres entreprises, comme Microsoft ou Google, ont fait la même démarche. Leur but ? Démontrer au grand public que l'impact des surveillances des services américains sur leurs utilisateurs était limité. Cet accord en dit long sur la pression croissante qui pèse sur les autorités américaines et sur les entreprises du web depuis les révélations sur le programme de collecte d'informations Prism de la National Security Agency (NSA).
Today, we're releasing data around all national security requests. https://t.co/v576RLPfhn— Facebook (@facebook) June 15, 2013
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Des chiffres "à remettre en perspective", selon FB. Pour dédramatiser ces révélations, Facebook met en avant, dans son communiqué, le nombre d'utilisateurs dans le monde : "avec plus de 1,1 milliard d'utilisateurs actifs par mois dans le monde entier, cela signifie que seule une minuscule fraction (1%) de nos comptes d'utilisateurs ont fait l'objet de requêtes de la part des autorités au cours des six derniers mois". Une démonstration biaisée si l'on considère que c'est plutôt le nombre d'utilisateurs américains qui devrait être mentionné (les services US s'intéressant a priori davantage aux comptes US). On note aussi que "la minuscule fraction" de 1% n'est valable que pour une période de six mois : étendues à plusieurs années et rapportées aux nombres d'utilisateurs US, quelle seraient la fréquence et l'ampleur des demandes d'informations reçues et données par Facebook ? Il n'empêche, le réseau social veut croire que ces révélations vont "aider à remettre en perspective le nombre de cas concernés et à calmer les spéculations hyperboliques de certains articles de presse".
Quel type d'infos Facebook a-t-il livré ? Selon le réseau social, les requêtes des enquêteurs étaient fondées sur des faits allant de la disparition d'un enfant à des menaces terroristes présumées, en passant par divers délits mineurs. Le réseau social n'aurait fourni aux autorités que l'adresse email des personnes concernées ainsi que des données sur le protocole internet qu'elles utilisent, mais en aucun cas le contenu de leurs emails ou de leurs messages sur le réseau social.
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Facebook a "souvent" rejeté les requêtes des autorités. Dans la lignée du récent post de Mark Zuckerberg dénonçant les récents articles de presse "scandaleux" à l'encontre du réseau social, Facebook a, une nouvelle, fois démenti vendredi tout abus vis-à-vis de ses utilisateurs. Mieux, FB, au contraire, protégerait "de manière agressive" leurs données, a assuré dans un communiqué Ted Ullyot, le principal avocat de la firme. Quant aux demandes d'informations des autorités américaines : "souvent, nous rejetons immédiatement de telles requêtes, ou demandons au gouvernement de réduire substantiellement leur nombre, ou bien encore nous leur donnons au cas par cas bien moins d'informations qu'ils n'en demandent. En tout état de cause, nous nous conformons strictement à ce que prévoit la loi", peut-on lire dans le communiqué.
Les autres géants du web aussi autorisés à parler ? Facebook n'est pas le seul géant du Net à faire face à un mouvement de réprobation de ses utilisateurs après les révélations par Edward Snowden, ex-consultant de la toute puissante agence de surveillance électronique américaine NSA. Outre le célèbre réseau social, huit autres géants d'internet ont fourni des données personnelles dans le cadre de son programme d'espionnage PRISM, selon Snowden. Les compagnies, parmi lesquelles figurent Apple, Google, Microsoft et Yahoo, ont démenti les affirmations selon lesquelles la NSA pouvait avoir accès directement à leurs serveurs. Vont-elles, à leur tour, révéler en partie le nombre de requêtes de surveillance qu'elles ont reçues de la part des services fédéraux ? Microsoft qui a, comme Facebook, conclu un accord avec le gouvernement américain pour être autorisé à révéler des informations limitées a déjà communiqué : au cours des six derniers mois de 2012, l'entreprise a reçu de la part d'entités gouvernementales locales ou fédérales entre 6.000 et 7.000 assignations, requêtes et mandats pour des questions criminelles ou de sécurité nationale visant 31.000 à 32.000 comptes clients. De son côté, Google a demandé cette semaine du FBI et au ministère américain de la Justice la permission de rendre public le nombre d'informations sur ses utilisateurs, la firme précisant qu'elle "n'a rien à cacher".