L'INFO. La Grèce va-t-elle redevenir un "paradis" pour investisseurs ? Alors que pendant plusieurs années les Grecs ont souffert, le pays ne serait plus le "pestiféré" des portefeuilles étrangers. Un indice qui marque ce retour en grâce ? Mark Mobius, considéré comme le "gourou" des marchés émergents, qui gère un fonds de 40 milliards de dollars chez Franklin Templeton, une société d'investissements, s'est rendu en Grèce le mois dernier, selon le Wall Street Journal. Il envisagerait même d’acheter des actions de sociétés grecques. Une première depuis dix ans, rapporte Les Echos.
Six années de récession et un déclassement boursier. Les privatisations et l'assainissement progressif du secteur bancaire ont offert un terreau propice. Certains souhaitent remettre leurs "billes" à Athènes. Les Qataris et les Chinois mais également les Américains sont déjà sur le coup. Cela peut apparaître étonnant car le pays connaît sa sixième année consécutive de récession. Le mois prochain, la bourse grecque sera même dégradée de "pays développés" à "l’indice MSCI des marchés émergents". Mais pour Mark Mobius, c'est… une bonne nouvelle : "lors de mon voyage en Grèce, j’ai dit aux gens ’bienvenue, vous avez été surclassés’ dans le club des pays en forte croissance", a-t-il confié au Wall Street Journal.
"Les coûts salariaux ont fortement baissé". L'atmosphère financière grecque commence à s'assainir et les investisseurs, connus pour avoir toujours un temps d'avance, ont compris que le vent était en train de tourner. "Ça sent le profit", confie à Europe 1 un industriel qui ajoute que "la rigueur budgétaire" est toujours payante. "Les coûts salariaux ont fortement baissé. Ça créé un climat beaucoup plus favorable pour des investisseurs. Tout n'est pas réglé du point de vue des difficultés que connaît la Grèce. On est sur un effort de long terme. Mais les prémices de ces améliorations n'en sont pas moins importantes et il faut les retenir", affirme Valérie Plagnol, directrice de recherche au Crédit Suisse, interrogée par Europe 1. Si les gros investisseurs institutionnels préfèrent encore patienter, d'autres "hedge funds" seraient déjà en train d'investir en Grèce. La banque Morgan Stanley, une des principales banques d'investissement du monde, a récemment confirmé sa position "très constructive sur le long terme" en Grèce.
La croissance repart en 2014 ? Les bons signes économiques se multiplient. Sur le marché obligataire, les taux grecs à 10 ans évoluent désormais quasiment à leurs plus bas niveaux depuis juin 2010. Cela permet à Athènes d'emprunter à moins cher qu'il y a quelques mois. Selon le gouvernement d'Antonis Samaras -qui rassure les investisseurs par sa stabilité-, la Grèce devrait sortir de la récession en 2014 et la croissance pourrait atteindre 0,6%. Le pays, qui a reçu près de 240 milliards d'euros de crédit depuis le début de la crise, pourrait également dégager un léger excédent budgétaire de 340 millions d'euros cette année. Reste le taux de chômage, toujours très élevé. Il devrait néanmoins légèrement baisser de 27% à 26%.