L’annonce était attendue, elle n’en a pas moins fait l’événement aux États-Unis. Rick Perry, le gouverneur du Texas, a annoncé sa candidature à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle de 2012 samedi à Charleston, en Caroline du Nord. "Avec ma foi en Dieu, le soutien de ma famille et une foi inébranlable en les vertus de l'Amérique, je suis candidat à la présidence des États-Unis", a-t-il écrit dans un message publié sur son site une heure environ avant le discours prévu pour annoncer publiquement sa candidature.
L’homme fait campagne dans l’ombre depuis plusieurs mois. Sa candidature redistribue les cartes au sein du Grand Old party (GOP) et les autres favoris, Mitt Romney en tête, ont des soucis à se faire. "Il mérite d'être considéré comme un candidat de premier plan. Il s'installe immédiatement dans le peloton de tête", confirme Matt Dickinson, professeur de science politique au Middleburg College dans le Vermont.
Car l’homme possède à 61 ans de solides atouts. Il n’a jamais perdu une élection en 25 ans, et a grandement participé à la montée en puissance du futur président George W. Bush au Texas, État qu’il a contribué à faire basculer dans le camp républicain. L’actuel gouverneur du plus grand État américain a en outre la réputation d'avoir un talent redoutable quand il s'agit de lever des fonds. Une donnée essentielle aux États-Unis.
Ultra-conservateur
Rick Perry peut aussi se targuer d’un bilan exceptionnel en matière d’économie, un secteur qui devrait être au cœur de la campagne présidentielle de 2012, dans la mesure où il devrait constituer le principal handicap du sortant, Barack Obama. Le Texas a particulièrement bien résisté à la crise, et le chômage y est resté en deçà de la moyenne nationale, au point que les partisans du l’ancien capitaine de l’US Air Force n’hésitent pas à parler de "miracle texan".
Ce bilan flatteur est en outre combiné avec des valeurs ultra-conservatrices en phase avec les sympathisants du GOP. Rick Perry est opposé au mariage homosexuel, et un partisan zélé de la peine de mort. En témoignent les 230 exécutions capitales depuis son accession à la tête du Texas en 2000, record des États-Unis sur la période. Sur l’avortement, il a récemment fait adopter une loi texane qui contraint les médecins à montrer aux femmes désireuses de subir une IVG une échographie du fœtus. Rick Perry plaide aussi pour la limitation des prérogatives de l’Etat fédéral, et pour une baisse sensible des impôts. Ce père de deux enfants est aussi un chrétien fervent. Ce cocktail pourrait bien faire mouche auprès des électeurs républicains.
Critiqué avant même d’être candidat
Les adversaires ne s’y sont pas trompés, et ils n’ont pas attendu l’annonce officielle de sa candidature pour porter les premiers coups. Mitt Romney, sans doute le plus menacé, le premier. "Si les gens veulent envoyer à Washington quelqu'un qui a passé sa vie à faire de la politique, ils ont le choix entre beaucoup de gens", a-t-il lancé jeudi lors d'un débat dans l'Iowa sans nommer Rick Perry. "Mais s'ils veulent quelqu'un qui comprend comment marche le secteur privé, ils vont devoir choisir l'un d'entre nous", a-t-il ajouté en faisant référence à Herman Cain, également en lice pour la primaire républicaine et ancien patron d'une chaîne de pizzerias.
Côté démocrate aussi, on semble s’inquiéter. Le principal stratège de campagne de Barack Obama, David Axelrod, s'en est également pris au gouverneur texan vendredi sur la chaîne ABC, minimisant ses mérites en matière économique. "Il y a une raison spécifique pour laquelle le Texas réussit aussi bien : le secteur pétrolier marche très bien depuis plusieurs années, et l'armée s'est aussi développée à cause des défis auxquels nous faisons face à l'étranger", a-t-il souligné.