Alors qu'en France, la pratique est toujours interdite, les Etats-Unis s'apprêtent peut-être à faire un grand pas. Le pays veut, en effet, offrir un nouveau droit aux homosexuels et bi-sexuels masculins : celui de donner leur sang. Il faudra néanmoins qu’ils n’aient pas eu de rapports sexuels un an auparavant, comme c’est déjà le cas en Angleterre.
Le processus à venir. L'Agence des médicaments (FDA) "va prendre les mesures nécessaires pour recommander un changement dans l'interdiction actuelle faite aux hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes de donner leur sang si leur dernier rapport remonte à un an", a indiqué mardi sa directrice, la Dr Margaret Hamburg.
A cette fin, la Food and Drug Administration entend publier en 2015 un projet de recommandation pour ce changement de politique, qui sera ensuite soumis aux commentaires des parties prenantes avant une éventuelle finalisation.
“Une grande victoire”. Cette initiative intervient après la multiplication des appels émanant des milieux médicaux, des groupes gays et même au sein du Congrès américain contre cette interdiction jugée discriminatoire et sans justification scientifique.
"C'est une grande victoire pour les droits civiques des gays", a ainsi réagi Glenn Cohen, un professeur de droit à l'Université de Harvard, spécialisé en bioéthique. "Nous abandonnons l'ancienne croyance selon laquelle tous les homosexuels sont une source potentielle d'infection", a-t-il ajouté sur Twitter. Les scientifiques s’accordent, de plus, à dire qu’une durée d’un an est amplement suffisante pour s’assurer qu’une personne n’est pas infectée.
Pas de garantie absolue pour les opposants. Ce changement de politique ne convient pas du tout aux opposants à toute assouplissement de cette interdiction. Ils font valoir qu’à ce stade, on ne peut pas garantir l’absence totale de risque de contamination.
"A moins de prouver scientifiquement qu'un assouplissement en matière de dons de sang n'entraînera aucun risque, il ne faut pas modifier la politique actuelle, car même un léger accroissement du risque est inacceptable", avait ainsi dit Peter Sprigg, de l'organisation conservatrice Family Research Council, lors du dernier comité d'experts de la FDA.
Plus de sang ? Une certitude émerge cependant : selon une étude publiée en 2010 par l'université de Californie à Los Angeles, une levée complète de cette interdiction n'accroîtrait la quantité totale de sang collecté aux Etats-Unis que de 2 à 4%.