Il a passé 24 ans dans le couloir de la mort. L'errance de Warren Hill a pris fin mardi soir. A 19h55 heure locale, une injection létale a suffi pour mettre fin aux jours de ce détenu de 54 ans, déficient mentalement. Une heure à peine auparavant, la Cour Suprême de Géorgie, dans le sud des Etats-Unis, avait décidé que tel serait le sort de Warren Hill. Sept voix contre deux, la sentence a bel et bien été exécutée.
Une jurisprudence en faveur des handicapés mentaux. Une décision surprenante puisque la Cour avait interdit l'exécution des personnes "démentes" au sens juridique du terme en 1986, en vertu du huitième amendement qui interdit "tout châtiment cruel et inhabituel". En 2002, cette même cour avait également estimé que les handicapés mentaux ne pouvaient pas subir la peine capitale. La plus haute juridiction de l'Etat avait jugé que leur déficience mentale "faisait courir le risque d'une exécution arbitraire".
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La Géorgie, un des Etats les plus durs en la matière. A en croire ces décisions, Warren Hill aurait dû échapper à la mort. Il n'en a rien été. La raison invoquée ? Elle est, là encore, d'ordre juridique. En effet, la Géorgie fait partie des Etats les plus rigoureux sur la définition du handicap mental chez les condamnés. La déficience doit être établie "au-delà d'un doute raisonnable", c'est-à-dire que les juges doivent avoir la certitude que le handicap de l'accusé est la cause de sa condamnation.
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Un "retard intellectuel" constaté. Warren Hill a bien évidemment subi des dizaines d'expertises psychiatriques. Si elles ont permis d'établir son "retard intellectuel" - le condamné avait un QI de 70, bien en-deçà de la moyenne - cela n'a pas empêché la Cour Suprême de permettre son exécution. Pourtant, de nombreuses personnalités comme l'ancien président démocrate Jimmy Carter ou encore des organisations comme l'Union Européenne avaient milité pour que sa peine soit commuée en réclusion criminelle à perpétuité.
On estime que le QI de Warren Hill est celui d'un enfant de 11 ans.— Maitre Eolas ✏️ (@Maitre_Eolas) 27 Janvier 2015
"Une tache morale sur le peuple de cet Etat". Saisi mardi, le bureau des grâces a lui aussi refusé d'alléger sa peine. "Cette exécution est une abomination", a déclaré son avocat Brian Kammer. "La Cour a aujourd'hui laissé se produire, de manière totalement inconsciente, une erreur judiciaire grotesque", a-t-il déclaré dans un communiqué. Il estime que "le souvenir de l'exécution illégale de M. Hill sera perpétué comme une tache morale sur le peuple de cet Etat et les tribunaux qui l'ont laissée se produire".
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Le directeur donne lecture à Warren Hill de l'ordre d'exécution. Il ne comprend probablement rien à ce texte compliqué.— Maitre Eolas ✏️ (@Maitre_Eolas) 27 Janvier 2015
Il assassine un détenu avec une planche à clous. Le défunt avait été condamné à la peine capitale alors qu'il purgeait déjà une peine de réclusion à perpétuité pour le meurtre de sa compagne, commis en 1985. Cinq ans plus tard, il a récidivé, assassinant l'un de ses co-détenus avec une planche à clous. La justice l'avait alors condamné à mort. 24 ans plus tard, l'errance de Warren Hill a pris fin.