L'INFO. A sa sortie de prison, ce New-Yorkais pensait que son travail imprimeur n'existait même plus aujourd'hui. David Ranta, 58 ans, est encore déphasé. Rien de plus normal lorsqu'on sait que cet homme a passé 23 ans derrière les barreaux, dans un quartier de haute-sécurité de la prison de Buffalo, dans l'Etat de New York, pour un meurtre qu'il n'a pas commis. La raison ? La justice américaine a mis la main sur de nouvelles preuves qui l'ont disculpé.
Entre excuses et soutiens. "Je suis bouleversé", a-t-il simplement déclaré à sa sortie de prison avec son sac de linge violet à la main. Quelques instants avant qu'il ne se retrouve sa famille, un juge s'est excusé. "Je suis désolé pour ce que vous avez enduré. C'est un euphémisme et c'est tout à fait insuffisant, mais je vous le dis quand même", a assuré Miriam Cyrulnik de la Cour suprême, rapporte le New York Daily News. "Il n'y a pas de mots", a affirmé très émue sa sœur, qui l'a aidé à traverser ce moment douloureux. "J'espère qu'il va venir chez moi et rester chez moi parce que j'ai une grande maison où tout le monde peut venir", a-t-elle affirmé. A sa sortie, David Ranta sera bien entouré puisqu'il a trois enfants, âgés de 34, 28 et 25 ans et une femme avec qui il s'est récemment marié en prison.
Quelle affaire ? Sa vie a basculé en 1991. David Ranta a été condamné à 37 ans de prison après avoir été déclaré coupable du meurtre d'un rabbin juif orthodoxe lors du cambriolage raté d'une bijouterie un an auparavant. Le tireur aurait couru vers la voiture du rabbin et lui aurait logé plusieurs balles dans le front avant de s'échapper. David Ranta a toujours clamé son innocence.
De nouvelles preuves. Son cas a été rouvert en 2012 par le procureur qui doutait des méthodes employées par l'enquêteur en chef. L'un des témoins de la scène, Menachem Lieberman, âgé de 13 ans aux moments des faits, aurait été très fortement incité par ce policier à choisir "l'homme au gros nez" lors de l'identification. Il raconte à CNN qu'après plusieurs années, "il ressentait le besoin" d'avouer ce faux-témoignage.
Le procureur se rétracte. Le bureau du procureur de Brooklyn a expliqué qu'une enquête interne avait permis de découvrir une preuve qui n'avait pas été examinée au moment du procès. Celle-ci a permis d'innocenter David Ranta. "Après une enquête exhaustive, le bureau du procureur a conclu que les preuves sur la base desquelles M. Ranta avait été condamné n'étaient plus valables, et qu'aucun autre élément restant ne permettrait d'accuser M. Ranta s'il y avait un nouveau procès", a déclaré le procureur Charles Hynes.
Un cocaïnomane derrière ce meurtre ? Reste à savoir qui était le vrai meurtrier. Selon le New York Times, corroboré par certains éléments de l'enquête, il pourrait s'agir de Joseph Astin, un cocaïnomane, habitué des braquages. Celui-ci est mort, deux mois après l'assassinat du rabbin, dans un accident de voiture alors qu'il était poursuivi par la police. Sa femme avait assuré aux enquêteurs que son mari avait avoué le crime. Mais son témoignage n'avait jamais été pris en compte.