Gardien de lamas, trompettiste, syndicaliste, président de la République et joueur de foot. Le CV d'Evo Morales est bien fourni. Les nombreuses expériences de l'actuel président bolivien, candidat à sa propre succession aux élections générales qui se tiendront dimanche, lui permettent de s'attirer la sympathie de ses concitoyens. Et de grappiller des voix.
Le premier président amérindien de Bolivie. Son enfance difficile passée dans l'extrême-pauvreté, son passé de cultivateur de coca et de syndicaliste défenseur de la condition paysanne lui donnent la légitimité pour représenter les classes populaires de ce pays où le taux de pauvreté atteint toujours 48%, malgré un forte croissance économique. Ses origines amérindiennes lui attirent aussi la sympathie de la population indigène. De quoi engranger le maximum de voix dans tout le pays ? Tout, non. Après deux mandats (de 2005 à 2014), Evo Morales reste peu apprécié dans l'est du pays, et notamment dans la ville de Santa Cruz, où les électeurs sont plus favorables à son opposant Samuel Doria Medina, le candidat du milieu des affaires.
Aussi habile politicien que milieu de terrain, Evo Morales a trouvé une combine aussi originale que voyante : s'engager dans le club professionnel des Sport Boys. A 54 ans, le président du MAS (le parti socialiste bolivien), grand passionné de foot, a de beaux restes balle au pied, comme il le montre régulièrement depuis mai dernier en tant que milieu de terrain de ce club qui évolue en première division bolivienne. Malgré un embonpoint certain, le "Maradona bolivien" s'offre là une tranche de plaisir, donc, mais sans négliger la partie tactique : s’attirer la sympathie des électeurs rétifs. En effet, le club des Sport Boys est situé dans une banlieue populaire de Santa Cruz, là où il est encore contesté.
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Relégable après dix journées. Sa condition physique et sa fonction de président l'empêchent cependant de jouer l'intégralité des matchs. Mais Evo Morales a déjà disputé quatre fois vingt minutes avec son nouveau club. Sans grand succès, il faut bien le dire, puisque les Sport Boys pointent à l'avant-dernière place du championnat avec une victoire seulement en dix matchs.
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Joue là comme Ahmadinejad. Ce n'est pas la première fois que le président bolivien mélange foot et politique. Evo Morales joue aussi de ses charmes footballistiques au niveau international. En affrontant par exemple l'équipe de l'ONU en septembre 2013, quelques semaines après l'épisode de l'arrêt forcé de son avion. A l'époque du scandale des écoutes de la NSA, de retour d'une visite à Moscou, il était soupçonné d'avoir caché Edward Snowden à bord de l'appareil. une arme diplomatique efficace, comme le montre ce match de futsal joué dans l'équipe d'Ahmadinejad lors d'une visite en Iran, l'un des alliés stratégiques de la Bolivie dans sa politique extérieure anti-impérialiste.
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A l'orée du scrutin de dimanche, Evo Morales a beau être relégable en championnat, il reste le leader incontesté des sondages avec 60% des intentions de vote. Dimanche, il repartira sans doute sans les "trois points" de la victoire, mais avec un nouveau mandat de cinq ans.
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>> Bonus. Evo Morales a le sang chaud sur le terrain, comme en témoigne cette vidéo où on le voit régler ses comptes avec un adversaire lors d'un match "amical" contre l'opposition politique bolivienne.