Les Européens considèrent la nomination de Christine Lagarde à la tête du FMI comme acquise, après l'appui de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, formulée lors du G8 à Deauville.
Les Etats-Unis rejoignent l’UE
"A titre officieux et personnel, je suis très partisane de donner aux femmes qualifiées - ce qu'elle est bien sûr - l'opportunité de diriger des organisations internationales", a expliqué Hillary Clinton, tout en rappelant que les Etats-Unis n'afficheraient leur préférence officielle qu'après la clôture des candidatures au FMI le 10 juin.
"Lagarde, c'est fait", a ainsi affirmé un responsable européen en marge du sommet. Une déclaration qui peut paraître un peu présomptueuse mais qui, d’un point de vue mathématique, est bien justifié.
La majorité des voix acquises
La désignation du directeur du FMI est en effet une affaire de pourcentage. C’est le Conseil d'administration de l’organisation internationale qui élit le directeur. Cette instance est composée de 24 membres depuis 1992, mais leurs suffrages ne se valent pas.
Les administrateurs disposent de droits de vote proportionnels à leur part dans le capital du FMI. Les Etats-Unis, premier bailleur de fond, disposent ainsi de 16,80 % des suffrages, tandis que les Européens disposent de 35,6% des droits de vote (dont 5,8% pour l’Allemagne et 4,3% chacun pour la France et le Royaume-Unis). Etats-Unis et Europe confondus cumulent donc 52,4%, auquel devraient s’ajouter les 6,25% du Japon.
Vers des mesures de compensation ?
Les soutiens de la candidate française disposent donc d’une large majorité, ce qui mettrait fin au suspense mais risque d’insupporter les puissances émergentes, désireuses de mettre fin à la tradition d’un directeur du FMI européen.
"Il faudra trouver quelques compensations pour les Brics", en a conclu le même responsable européen, en évoquant le groupe des cinq principales puissances émergentes (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud).
Une compensation que demande également la Russie, qui se positionne traditionnellement à mi-chemin entre le bloc occidental et les puissances émergentes. "Le président russe estime que les Brics doivent être mieux représentés dans la direction du FMI", a ainsi déclaré jeudi soir à Deauville la porte-parole de Dmitri Medvedev, Natalia Timakova. Le Premier ministre, Vladimir Poutine, a, lui, jugé "tout à fait acceptable" et "très sérieuse" la candidature de Lagarde pour le FMI.