L'INFO. La France fait son devoir en Afrique. C'est en substance le message délivré par Laurent Fabius dimanche lors du Grand Rendez vous Europe 1 - Le Monde - ITélé, justifiant les interventions militaires successives au Mali puis en Centrafrique.
"La France n'est pas le gendarme de l'Afrique, mais il se trouve que pour le moment -et nous travaillons à ce que ça change-, la France est le seul pays qui a des forces capables d'aller là-bas en nombre", a-t-il regretté. "Ça, c'est un vrai, gros problème", a affirmé le ministre en plaidant de nouveau pour la mise en place d'une force interafricaine d'action rapide "avec les Européens, avec les Africains".
Fabius ne serait pas "choqué" que l'UE se mobilise plus. La situation en République centrafricaine, où la France a lancé le 6 décembre une opération militaire forte de 1.600 hommes, sera notamment évoquée lors du Conseil Affaires étrangères lundi à Bruxelles à la demande des autorités françaises. "On dit 'les Européens ne sont pas là'. Je ne serais pas choqué qu'ils soient davantage là", a taclé Laurent Fabius. "Les Polonais seront avec nous sur le plan logistique, les Britanniques, les Allemands, les Espagnols, les Belges. Demain, j'irai au Conseil des ministres des Affaires étrangères et je demanderai qu'il y ait un concours plus solide, plus fort, y compris sur le terrain", a poursuivi Laurent Fabius.
Une situation dramatique en Centrafrique. La situation de chaos vers laquelle basculait la Centrafrique a poussé la France à intervenir. "Si la France n’était pas intervenue avec les Africains, ce serait la guerre civile. Je comprends que certains Français disent : ‘c’est loin, ça peut coûter cher’. Mais quand vos amis sont sur le point d’être massacrés, quand l’organisation des Nations unies vous demande d’intervenir, quand vous êtes la France, et bien vous allez là-bas", a insisté le chef de la Diplomatie.
Centrafrique : "quand vous êtes la France, vous...par Europe1frSelon l'ONU, les tueries de cette dernière semaine ont fait "plus de 600 morts" dans tout le pays, dont 450 dans la seule capitale. "On ne regarde pas cela en sifflotant, on agit", a lancé Laurent Fabius. Le ministre a également récusé les accusations selon lesquelles l'armée française aurait d'abord désarmé les musulmans à travers les milices Séléka, ce qui aurait permis des représailles meurtrières des chrétiens.
Le Mali est "sécurisé". Quant au second théâtre d'opérations de l'armée française, Laurent Fabius a affirmé dimanche que "dans l'ensemble", le Mali est "sécurisé". "Ce pays était sur le bord de devenir le premier Etat terroriste du monde. Le Mali a recouvré son intégrité et son indépendance. Il y a un président légitimement élu et lundi il y aura une Assemblée nationale. Quand la France fait ça, avec les Africains, on doit dire chapeau !", a-t-il affirmé lors du Grand Rendez-vous.
Fabius : le Mali, "on doit dire chapeau !"par Europe1frMais le terrorisme "continue", a-t-il précisé. Le ministre a confirmé que 19 jihadistes avaient été tués au cours d'opérations militaires récentes de l'armée française dans le nord du Mali. En réponse à une question sur des arrestations il y a une dizaine de jours de combattants islamistes proches de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar dans le nord du Mali, le ministre a aussi répondu par l'affirmative, sans autre précision.
Pas de Hollande à Sotchi. Comme le président allemand, le président français ainsi que le chef de la Diplomatie française n'iront pas à Sotchi pour l'inauguration des Jeux olympiques en février prochain. "Il n’y est pas prévu que les grandes autorités françaises" se rendent en Russie, a déclaré Laurent Fabius.
Fabius "pas d'accord" avec le rapport. Quant au rapport sur l'intégration qui a agité la classe politique, Laurent Fabius a tenu à mettre les choses au clair. "En lisant, je pensais à une phrase que j’aimais beaucoup de Mitterrand : ‘il ne faut pas prendre toutes les mouches qui volent pour des idées’. Il y a sûrement des choses très sérieuses dedans mais quand il est dit qu’il faut tailler en pièces, la législation sur le voile, je ne suis pas d’accord", a-t-il assuré.
En déplacement à l'étranger, le chef de l'Etat a opposé deux mises au point très fermes à son Premier ministre qui ont relancé les spéculations sur la pérennité du mandat de ce dernier à Matignon. Les rapports entre François Hollande et Jean-Marc Ayrault sont "très bons", a insisté Laurent Fabius, très proche du président. Mais le gouvernement doit tendre vers plus de cohérence et redresser de "légères claudications", a-t-il déclaré. Laurent Fabius a toutefois souligné que les Français attendaient de leurs gouvernants qu'ils soient "cohérents entre eux". "Cette cohérence est indispensable, parfois il y a des couacs, ils sont tous regrettables (...), mais il faut travailler à cette cohérence", a dit le ministre des Affaires étrangères.