Les coups de filets contre des filières présumées djihadistes se multiplient en Europe. En moins de vingt-quatre heures, la France, l'Allemagne et la Belgique ont mené sur leur territoire de vastes opérations policières.
En marge de ces actions ciblées, la lutte contre la menace terroriste est à l'ordre du jour de plusieurs rencontres entre dirigeants, alors que d'autres pays européens, comme l'Espagne, doivent annoncer des batteries de mesures. Car selon des experts, cités par l'AFP, plus de 3.000 jeunes Européens seraient partis combattre en Syrie, et environ 30% d'entre eux seraient revenus sur le vieux continent. Europe1.fr fait le point sur la situation.
Une dizaine d'interpellations en France. L'enquête sur les attentats qui ont fait 17 morts la semaine dernière a donné lieu à l'arrestation, en région parisienne, de 12 personnes placées en garde à vue dans la nuit de jeudi à vendredi. Les huit hommes et quatre femmes sont soupçonnés d'un "possible soutien logistique" aux tueurs, selon une source judiciaire.
A Paris, où il a reçu le secrétaire d'État américain John Kerry, le président français François Hollande a appelé à une réponse "collective" et "ferme" face au terrorisme auquel "nous (...) faisons la guerre".
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Vaste opération en Belgique, deux morts. La Belgique a arrêté 13 personnes sur son territoire, dans le cadre d'une opération préparée depuis des semaines. Cette "cellule terroriste et son réseau logistique" étaient sur le point de "tuer des policiers sur la voie publique et dans les commissariats", a annoncé le Parquet fédéral.
L'opération, sans lien avec les attentats de Paris, a été marquée par un violent assaut de la police à Verviers. Deux suspects sont morts après avoir riposté à l'arme de guerre, et un troisième a été interpellé. Ils s'apprêtaient à passer à l'acte "au maximum sous quelques jours", a affirmé un substitut du Parquet, Thierry Werts.
Selon les informations d'Europe 1, la police belge aurait collaboré avec le GIGN pour mener ce coup de filet. Par ailleurs, deux ressortissants belges ont été interpellés en France, et la Belgique va demander leur extradition, a précisé Thierry Werts.
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Le niveau d'alerte relevé en Belgique, Bruxelles sur ses gardes. Le niveau de menace terroriste, qualifié de "grave", a donc été relevé dans la nuit d'un cran, à 3 sur une échelle qui en comporte 4. Lors d'une conférence de presse, Charles Michel, le Premier ministre, a annoncé que le gouvernement était prêt à faire appel à l'armée pour renforcer la sécurité dans le pays. Du jamais vu depuis une vague d'attentats des Cellules communistes combattantes (CCC) qui avaient frappé la Belgique dans les années 1980.
La Commission européenne a indiqué avoir aussi renforcé sa sécurité. Même scénario à Bruxelles, où les postes de police filtraient les entrées, et la surveillance du Palais de justice a été renforcée. Les policiers ont reçu consigne de porter à l'extérieur armes et gilets pare-balles, et de patrouiller à plusieurs.
Une batterie de mesures. Le Premier ministre belge a également annoncé la création de deux prisons de quartiers spéciaux afin d'"isoler" les détenus musulmans radicaux. Une nouvelle infraction sanctionnant les "déplacements à l'étranger à des fins terroristes" va aussi être inscrite au code pénal et les situations pouvant donner lieu à écoutes téléphoniques vont être augmentées.Les possibilités de retrait de la nationalité belge, pour les bi-nationaux, seront "élargies", a-t-il aussi déclaré.
En outre, "il est prévu de retirer temporairement les passeports et les cartes d'identité quand la personne présente un risque pour l'ordre public et la sécurité", selon le gouvernement. Les "personnes impliquées dans le financement du terrorisme" verront leurs avoirs "gelés" en Belgique, tandis que le suivi des "combattants étrangers" qui séjournent en Belgique sera "systématisé".
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En Allemagne, deux arrestations. A Berlin, une dizaine de perquisitions au sein de la "mouvance islamiste" ont été effectuées vendredi matin. Deux Turcs ont été arrêtés, membres présumés d'un groupe qui envisageait "un acte violent grave en Syrie", selon la police.
Une meilleure coopération entre Européens. "Il va falloir faire comprendre à beaucoup de partenaires que l'échange d'informations doit s'améliorer", a affirmé le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders. La Belgique plaide, comme la France, pour un sursaut de mobilisation antiterroriste au niveau européen. Charles Michel a plaidé, de son côté, pour l'établissement d'une liste européenne des personnes parties faire le jihad en Syrie ou en Irak. Il a enfin appelé le Parlement européen à approuver "le plus vite possible" la création d'un registre européen des passagers des avions (PNR).
Invité du Petit Journal jeudi soir, Martin Schulz, le président du Parlement européen, a expliqué que la sécurité relevait de la souveraineté nationale, tout en admettant que la coopération entre les pays devait "considérablement" être améliorée.
Ce rapprochement ne se limite pas entre Etats européens. L'enjeu devait être à l'ordre du jour de la rencontre vendredi entre Barack Obama et le Premier ministre britannique, David Cameron.