L’enquête en Bolivie prend un nouveau tournant. La police locale, qui travaille sur la disparition de Fannie et Jérémie depuis un mois, pressent mercredi que le couple de Français pourrait avoir été tué par l’homme qui les avait invités pour une fête le soir de leur disparition.
Des abus sexuels sur Fannie ?
"Nous soupçonnons que le couple de Français est mort" a déclaré le colonel Oscar Munoz, chef de la police criminelle. Les suspicions des autorités locales portent sur le principal suspect, qui "est resté seul dans son hacienda" avec Fannie Blancho. Elles estiment qu’il y aurait pu y avoir une forme d’abus sexuel sur la jeune femme.
La police locale penche sur cette hypothèse après avoir découvert que Jérémie serait revenu brièvement, en moto le 29 août au matin, chez leur logeuse où se trouvait l'enfant de Fannie, avant de repartir chercher sa petite amie, laissée à 12 kilomètres de là, où s’était déroulée la fête. Et ce, pour une raison inconnue.
"L'hypothèse sur laquelle travaille la police est qu'une fois que Jérémie a découvert" la tentative de viol sur Fannie, "il a été assassiné" par le propriétaire de l'hacienda, qui est aussi le gérant de la discothèque où ils avaient passé une partie de la nuit, a ajouté le colonel Munoz.
L'homme est le dernier à les avoir vus vivants. Mais il a affirmé aux enquêteurs que le couple de Français a quitté sa ferme au matin. Il a précisé qu’il aurait entendu des voix d'inconnus avec eux. Il n’y a aucune preuve formelle à l’encontre de cet homme, qui est toujours libre "faute d'éléments l'incriminant", a expliqué le procureur.
"On garde espoir"
Un double meurtre, "c'est un scénario qu'on avait tous plus ou moins en tête. Ça m'inquiète énormément, j'ai même peur", a raconté à Europe 1 Amandine Démare, la présidente du comité de soutien. Pour autant, elle a affirmé garder espoir. "Jusqu'à preuve du contraire, ils sont là, pas très loin, vivants. On n'a pas retrouvé les corps et c'est ça qui me fait garder espoir. On n'a pas assez de preuves pour une telle hypothèse", a-t-elle justifié.
Prudence de la France
Le Consul de France en Bolivie, joint par téléphone par Europe 1, reste très réservé sur ces éléments avancés par la police bolivienne. "Ils lancent ça, comme ça, comme une supposition. C’est quand même assez lourd, assez grave", déplore Frédéric Laurent. "C’est une façon pas très futée d’inciter le principal suspect à prendre la poudre d’escampette au Brésil ou ailleurs. Ça ne me paraît pas très responsable", assure-t-il.
"Les familles restent confiantes et j’y crois avec elles" :
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Les pères à Guayaramerin
Les familles, arrivées en Bolivie samedi, continuent de croire que leurs enfants sont en vie. Les deux pères doivent se rendre mercredi à Guayaramerin, là, où s’est déroulée la fête à laquelle ont participé Fannie et Jérémie. Accompagnés d'un attaché de l'ambassade de France, ils entendent réemprunter le chemin parcouru par leurs enfants dans la nuit du 28 au 29 août. "On veut essayer de faire bouger les choses sur place", a déclaré Patrick Bellanger. Ils devaient rencontrer la police locale, le procureur, déposer une plainte formelle, et tenter de recouper "des éléments de témoignages contradictoires".
Recherches dans toute la région
Des avis de recherche ont été diffusés dans la zone de Guayaramerin, au Brésil voisin, dans la presse bolivienne à l'échelle nationale, sans résultat. Les compagnies de transports terrestre, aérien, fluvial ont été alertées, et des recherches ont été menées en bordure de l'unique route reliant Guyaramerin au reste du pays vers l'ouest, à travers une dense forêt tropicale. Sans plus de piste.
Jérémie Bellanger, âgé de 25 ans, et Fannie Blancho, âgée de 23 ans, originaires de Loire-Atlantique, ont disparu au matin du 29 août près de Guayaramerin, une bourgade reculée de la Bolivie amazonienne à 800 km de La Paz, sur la frontière avec le Brésil. Ils avaient passé la nuit dans une fête locale, laissant l'enfant de 3 ans de Fannie avec leur logeuse. Le petit Bounty est depuis rentré en France.