C'est un signe fort au moment où s'ouvrent les négociations pour mettre fin à un demi-siècle de conflit armé. Par la voix Ivan Marquez, le chef de la délégation des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) a annoncé lundi un cessez-le-feu unilatéral de deux mois, entre le 20 novembre et le 20 janvier. Il s'agit de la première trêve entre la plus ancienne guérilla marxiste du continent et le gouvernement depuis plus d'une décennie.
Un processus "de mois et non d'années"
La délégation du gouvernement colombien pour le dialogue de paix avec la guérilla des Farc est partie dimanche pour Cuba. Humberto de la Calle, le négociateur en chef du gouvernement, a expliqué avant son départ de Bogota que ce premier cycle de discussions "durera en principe dix jours au terme desquels se fixera la date du cycle suivant".
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"En tout cas, ce sera un processus rapide et efficace. Un processus de mois, et non d'années", a assuré Humberto De la Calle qui avait déjà souvent souligné qu'il ne comptait pas laisser s'enliser les discussions avec la guérilla. La phase des négociations qui s'ouvrent lundi "doit se terminer par un accord définitif sur le conflit", selon les engagements préliminaires pris par les deux parties, a-t-il affirmé. "L'heure est au concret et non aux discours", a-t-il ajouté.
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La concentration des terres agricoles
Un mois après une réunion "symbolique" en Norvège, autre pays garant du processus, les deux camps, réunis à La Havane, ont reporté à ce lundi l'ouverture de ces pourparlers qui devaient initialement démarrer le 15 novembre. Ces négociations s'articuleront autour de cinq chapitres : développement rural, participation des Farc à la vie politique, fin des hostilités, lutte contre le trafic de cocaïne, dont la Colombie est le premier producteur mondial, et droits des victimes.
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A l'origine des Farc, issues en 1964 d'une insurrection paysanne, la concentration des terres s'annonce comme un point crucial : en Colombie, plus de la moitié des grandes propriétés agricoles sont détenues par à peine plus de 1% de la population, selon un rapport de l'ONU.
Yves Billon, un documentariste français, a consacré un film où il explique les origines de ce conflit (à partir de 2'30") :
600.000 morts et 15.000 disparus
En près de 50 ans, le conflit a fait 600.000 morts, 15.000 disparus et près de quatre millions de déplacés dans le pays où ont sévi, outre les Farc, d'autre guérillas, des milices paramilitaires d'extrême droite, officiellement démobilisées, et des gangs criminels.
Repliées dans les régions de montagne et de forêt, les Farc comptent encore 9.200 combattants selon les autorités, après une hémorragie de ses troupes qui ont fondu de moitié en 10 ans, traquées par l'armée avec l'appui logistique des Etats-Unis. Leur chef, Timoleon Jimenez, affiche aussi son "grand espoir" de parvenir à la paix, après avoir renoncé cette année à la pratique des enlèvements contre rançon et libéré les derniers policiers et militaires retenus en otage dans la jungle.