A 76 ans, Juan Carlos a annoncé lundi sa décision d’abdiquer pour laisser le trône d’Espagne à son fils, Felipe, 46 ans, une "nouvelle génération". A un vieil homme fatigué, qui avait prononcé, la mine défaite, des excuses historiques après des scandales à répétition, va succéder un quadragénaire moderne et discret dont son père a vanté "la maturité", "le sens des responsabilités". Oui, Felipe se prépare depuis son enfance à devenir roi d’Espagne. Et oui, il a longtemps vécu dans l’ombre de son père, qui symbolisait à lui seul la victoire de la démocratie face au franquisme. Mais le temps a passé, les scandales se sont accumulés. Et la cote de popularité de Felipe s’est améliorée. D’autant qu’à y regarder de plus près, ce prince-là, futur roi, a tout du gendre idéal. Son défi désormais : convaincre.
¿Conseguirá Felipe VI mejorar la marca España? La pregunta de la semana http://t.co/ZaL1dYlvW9pic.twitter.com/g8M9AUc01b— El Blog Salmón (@elblogsalmon) 2 Juin 2014
Une vraie tête. Le futur roi d’Espagne saura-t-il mettre à profit son QI de 127 ? Dans les faits, Felipe a en effet tout du fils prodige. Dans sa besace d’étudiant ? Un bac à seize ans, une formation militaire dans les trois armes, une licence de Droit et un master de Relations internationales à l’université de Georgetown, aux Etats-Unis. Et pour ne rien gâcher, Felipe parle également très bien le catalan, un atout particulier en Catalogne, région du nord-est de l'Espagne à l'identité marquée où les aspirations nationalistes se sont renforcées avec la crise économique, contribuant à tendre les relations avec Madrid.
28 años después de acatar la Constitución, Don Felipe será proclamado Rey de España http://t.co/P3ueQXQUfCpic.twitter.com/UklRhmOsbL— Correo de Andalucía (@elcorreoweb) 2 Juin 2014
Un bourreau de travail. Ce grand brun aux yeux bleus d’1,98 m ne se repose pas sur ses acquis. Le futur roi s’est en effet préparé depuis longtemps à accéder au trône. "Son objectif, son seul objectif, est de servir l'Espagne. Il lui a été inculqué, dans son for intérieur, qu'il doit en être le premier serviteur", a confié un jour sa mère, la reine Sofia. Le futur roi préside ainsi régulièrement des audiences officielles au palais, ce qui lui a valu la réputation de "prince le mieux préparé" au monde. Et alors que l’Espagne connait actuellement une grave crise économique et sociale, les sujets du futur roi "apprécient son équilibre et son professionnalisme dans les moments importants", analyse pour Le Figaro José Miguel de Elias, directeur général de l’institut de sondage Sigma Dos, qui cite comme exemple "la présentation de la candidature olympique de Madrid ".
Il est très famille. Felipe a longtemps été considéré comme l'un des héritiers les plus convoités d'Espagne. Jusqu'à ses fiançailles, en novembre 2003, avec Letizia Ortiz, roturière, journaliste et divorcée. Une grande première dans l'histoire de la monarchie espagnole. De leur union sont nées deux petites filles blondes, Leonor, en octobre 2005, et Sofia, en avril 2007. La famille a vécu jusqu'à présent loin du faste, dans une belle demeure construite pour Felipe dans le parc du palais de la Zarzuela, près de Madrid. Il y a quelques jours, c’est en famille que Felipe, Letizia, Leonor et Sofia ont fêté les dix ans de mariage du couple.
8:30 am (22 de mayo de 2014) X Aniversario de la Boda de los Príncipes de Asturias pic.twitter.com/uzCUx8X1h0— Casa de S.M. el Rey (@CasaReal) 22 Mai 2014
Les jeux Olympiques, c’est sa passion. Comme son homologue de Monaco, Albert II, l’actuel prince Felipe d’Espagne est très JO. En 1992, pour les jeux organisés à Barcelone, il est porte-drapeau de l’équipe olympique d’Espagne. Et il participe à la compétition de voile…. terminant 6e à l’époque. Un goût pour le sport qui lui a valu en septembre 2013 une petite déception : ce n’est pas Madrid qui a obtenu les JO 2020 mais bien Tokyo. "C'est un petit revers, mais il faut le digérer, se relever et continuer à avancer", avait commenté à l’époque le prince Felipe, venu défendre les couleurs de l’Espagne.
Une discrétion assumée et payante Le visage sérieux mais souriant, d'apparence plus réservée que son père, le prince héritier a longtemps souffert de la comparaison avec Juan Carlos. Felipe a érigé la discrétion en art. Le prince n’accordait pas d’interview, rappelle le quotidien El Pais dans un long portrait. Mais, c’est "une personne qui vaut la peine", résume sa femme. Et cette discrétion a, au gré des circonstances, plutôt joué en sa faveur. Les ennuis de santé à répétition de Juan Carlos, sa très controversée partie de chasse à l'éléphant au Botswana et l'enquête pour corruption visant sa fille cadette Cristina et l'époux de celle-ci, ont entamé la popularité du roi. Alors que dans le même temps, la cote du prince,elle, s'est améliorée.
SCANDALES - Juan Carlos, de mal en pis
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