Alors que l'étau se resserre sur Laurent Gbagbo, le gouvernement d'Alassane Ouattara a ordonné la fermeture jusqu'à nouvel ordre des frontières terrestres, aériennes et maritimes de la Côte d'Ivoire. Le gouvernement Ouattara avait auparavant imposé un couvre-feu de nuit. Guillaume Soro, le Premier ministre d'Alassane Ouattara, a affirmé jeudi que les forces du président ivoirien reconnu internationalement "encerclent" Abidjan et appelé Laurent Gbagbo à "partir maintenant", assurant que plusieurs de ses généraux avaient fait défection, à la chaîne de télévision France 24.
L'ONU contrôle l'aéroport
Selon les dernières informations venant de Côte d'Ivoire, les forces des Nations unies en Côte d'Ivoire ont pris le contrôle de l'aéroport d'Abidjan, ont déclaré jeudi une source onusienne et une source proche de services privés de sécurité. Selon cette source, qui a requis l'anonymat, des véhicules blindés de l'Onuci ont été dépêchés à l'aéroport où il ne reste plus ni policiers, ni gendarmes.
Par ailleurs, le blocus de l'hôtel du Golf à Abidjan, qui servait de base à Alassane Ouattara depuis l'élection présidentielle du 28 novembre, a été levé jeudi, a déclaré à France-Info le chef de l'ONU en Côte d'Ivoire, Choi Young-jin.
"Que l'Etat de droit s'applique à Laurent Gbagbo"
"Il faut que Gbagbo se rende maintenant", a déclaré Guillaume Soro, avant d'ajouter : "Nous l'avons repéré et nous le suivons de minute en minute". "Nous considérons qu'il faut éviter le bain de sang à Abidjan donc nous donnons la possibilité aux uns et aux autres qui veulent se rallier de le faire pacifiquement. (...) Nous leur donnons quelques heures", a-t-il ajouté. Alassane Ouattara a promis que "l'intégrité physique de Laurent Gbagbo serait respectée".
"Que l'Etat de droit s'applique à Laurent Gbagbo, il a fait beaucoup de tort à notre pays", a estimé Guillaume Soro, jeudi soir sur Europe 1. "Puisqu'il a refusé de céder pacifiquement le pouvoir, ce qui était la condition pour qu'on lui donne l'amnistie, qu'il a fait tuer 1.000 personnes et continue à résister, on ne peut pas non plus célébrer l'impunité", a-t-il poursuivi.
La Licorne se déploie
Des militaires français se sont déployés jeudi en certains endroits d'Abidjan, notamment pour protéger des ressortissants français attaqués par des partisans de Laurent Gbagbo dans le quartier des Deux Plateaux, a-t-on appris de trois sources différentes. D'après l'une de ces sources, des militaires français se trouvent aussi dans le quartier Zone 4, dans le sud d'Abidjan. L'armée française n'a pas souhaité s'exprimer dans l'immédiat. Alassane Ouattara a déclaré jeudi que ses forces étaient "aux portes" de la capitale économique de la Côte d'Ivoire, où se trouve le président sortant Laurent Gbagbo.
A Abidjan, la tension est montée d’un cran. Des tirs à l'arme lourde ont été entendus à la mi-journée près d'un important camp de la gendarmerie fidèle au président sortant. La principale prison de la ville, la Maca, a été ouverte et plus de 3.000 détenus se sont faits la belle.
Défection chez Gbagbo
Le régime de Laurent Gbagbo n'avait jeudi jamais été aussi menacé, après l'avancée des forces pro-Ouattara vers Abidjan, qui ont fait tomber sans combattre la capitale politique Yamoussoukro et le port stratégique de San Pedro, et la fuite du chef d'état-major de l'armée fidèle à Laurent Gbagbo chez l'ambassadeur sud-africain à Abidjan. Dans un discours radio-télévisé, Alassane Ouattara a d’ailleurs appelé les militaires fidèles au chef d'Etat sortant à "rallier" ses forces.
Mercredi soir, la pression internationale s’était déjà accentuée, avec l’adoption à l’ONU de sanctions ciblées contre cinq individus, dont Laurent Gbagbo et sa femme Simone, frappés par un gel de leurs avoirs et par une interdiction de voyager.