Fin de la guerre franco-suisse du gruyère

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Europe1.fr (avec AFP) , modifié à
Les deux pays ne se disputent plus le label européen AOP. Les Français ont abdiqué.

Le gruyère suisse, sans trou, vient d’emporter une bataille contre son cousin français, avec trous. Il a obtenu l'exclusivité sur l'Appellation d'origine protégée (AOP), que lui jalousait le Français. La filière hexagonale a en effet décidé dimanche de ne plus en faire tout un fromage et de se ranger aux recommandations de la Commission européenne, mettant fin à une bataille de trois ans.

Sur la scène européenne

Les deux fromages, dont le goût diffère totalement, ont reçu une l'Appellation d'origine contrôlée (AOC) dans leur pays respectif, en 2001 pour le Suisse et en 2007 pour le Français. Les hostilités ont commencé il y a trois ans, quand la France a voulu l’AOP - équivalent de l'AOC mais au niveau européen - pour son fromage. Elle a ainsi provoqué l'ire des producteurs de la Confédération qui exportent de grandes quantités de leur champion dont les origines remontent au Moyen-Age. Le dossier français a été soutenu par le ministre de l’Agriculture en personne, Bruno le Maire.

Mais au printemps, le dossier français a été jugé faible par la Commission européenne, celle-ci estimant que la zone d'affinage débordait très largement de la zone de production, contrevenant ainsi aux exigences de l'AOP. La Commission recommandait alors à l'Hexagone de se contenter d'une IGP, moins prestigieuse, mais qui permet toujours l'utilisation du nom. Ce que les producteurs français ont fini par accepter dimanche.

Côté suisse, le directeur de l'Interprofession du Gruyère, Philippe Bardet, tempère la victoire helvète, rappelant qu'il existe depuis les années 1930 un accord entre la France et la Suisse accordant le droit aux deux pays d'utiliser le même nom pour les deux fromages très différents.

Sur la scène mondiale

"Mais la bagarre ne s'arrête pas là", explique Philippe Bardet. Désormais, estime-t-il, "il faut se battre pour une protection" au niveau mondial dans le cadre des accords de libéralisation des échanges à l'Organisation mondiale du commerce. Histoire d’être sûr qu’aucun gruyère ne sera reconnu loin des Alpes.