Les cinq juges de la Cour suprême du Mexique ont tranché mercredi en défaveur de Florence Cassez. La Française, condamnée à 60 ans de réclusion pour enlèvements, ne sera pas libérée immédiatement et ne pourra pas quitter le pays dans la foulée comme l'espéraient ses proches.
Dans le détail, deux juges se sont prononcés pour sa libération, deux contre et un pour un procès en révision. Faute d'une majorité, un nouveau rapporteur doit être désigné pour rédiger un rapport qui sera encore soumis aux juges de la première chambre.
"Le contenu de la proposition n'ayant pas atteint le nombre de voix nécessaires, elle sera confiée à un autre juge" de la première chambre, a indiqué à l'issue du vote le juge Arturo Zaldivar, rédacteur du rapport proposant une "libération immédiate et absolue" de Florence Cassez. Aucune date n'a été fixée pour une nouvelle audience.
"Le combat continue"
L'avocat mexicain de Florence Cassez, Agustin Acosta a estimé que la position de la Cour, bien que défavorable à sa cliente dans l'immédiat, était "importante, parce qu'elle reconnaît qu'il y a eu des violations des procédures d'un procès équitable". "Je suis satisfait. J'aurais bien aimé une libération. Le combat continue", a-t-il déclaré.
L'audience avait démarré vers 18h40, heure française. Chacun à leur tour, les cinq juges ont donné leur version des faits dans ce dossier. Cette libération était proposée par le rapporteur des juges en raison des irrégularités dans la procédure.
Florence Cassez avait été arrêtée le 8 décembre 2005 avec son ex-compagnon Israel Vallarta, soupçonné par la police de diriger un groupe criminel. Le 9 décembre, la police fédérale avait mis en scène devant les caméras de télévision l'arrestation de Florence et d'Israel, et la libération de trois de leurs otages, un montage présenté comme une une transmission "en direct".
Selon le juge Zaldivar, cette mise en scène ne correspondant pas à la réalité a "totalement entaché la procédure". Le juge avait aussi dénoncé une violation des droits consulaires de la Française et sa non mise à disposition immédiate devant le ministère public.
"Je suis abasourdi"
Après cette décision, les proches de Florence Cassez n'ont pas caché leur déception. "Je suis abasourdi, sans voix", a déclaré sur Twitter, Jean-Luc Romero, président de son comité de soutien.
Son avocat français, Me Frank Berton, a fait part mercredi soir de "sa colère". "Quatre juges sont venus dire que les droits de Florence ont été violés, et au moment de prendre une décision, seuls deux ont voté la mise en liberté de Florence", a-t-il déclaré sur LCI. "Nous ne comprenons pas, nous ne savons pas où nous en sommes. A l'évidence, le Mexique n'est pas rentré dans un Etat de droit", a-t-il ajouté tout en confirmant que son père est "auprès d'elle" au Mexique.