L’INFO. Une nouvelle fois, la centrale de Fukushima est dans une "situation d’urgence". De l’eau hautement radioactive se déverse au large du Japon dans l’océan depuis la centrale nucléaire accidentée en 2011 par un séisme et un tsunami. Le gouvernement japonais estime que chaque jour, ce sont environ 300 tonnes d'eau contaminée qui se déversent dans le Pacifique. Et assuré qu'"au lieu de faire confiance à Tepco [l'opérateur de la centrale], le gouvernement allait prendre des mesures".
Un "dossier urgent". Pour le Premier ministre, Shinzo Abe, le dossier est "urgent". Sur la côte est du Japon, quelque 300 tonnes d'eau toxique se déversent chaque jour dans l'océan, selon le gouvernement. Ces fuites se produiraient depuis deux ans. Pour la première fois, Shinzo Abe a demandé à son gouvernement d'intervenir dans les opérations de nettoyage, au côté de Tepco. Le nettoyage du site, théâtre de la pire catastrophe nucléaire depuis Tchernobyl, pourrait prendre une quarantaine d'années.
Les limites légales dépassées. Dimanche, Tepco avait communiqué sa première estimation publique des fuites radioactives dans le Pacifique. Entre mai 2011, soit deux mois après la catastrophe, et juillet 2013, entre 20 et 40 milliards de becquerels ont fui dans l’océan. Fin juillet, la compagnie avait fini par admettre que l’eau souterraine contaminée, loin de stagner sous terre, allait bien jusqu’à l’océan. Mardi, la NRA a estimé que les limites légales de l'écoulement radioactif étaient dépassées et que la centrale était dans une "situation d'urgence".
Tepco épinglé. Très critiqué pour son manque de préparation à la catastrophe de 2011, Tepco se retrouve donc une nouvelle fois sur la sellette. Pour éviter que les nappes phréatiques débordent dans l’océan, Tepco injecte un produit chimique pour solidifier les sols. Mais pour la NRA, les contre-mesures de l’opérateur ne sont qu’une solution temporaire. Pire : Tepco ne mesure pas que l’heure est grave, selon Shinji Kinjo, responsable d’un groupe de travail à la NRA. "C’est pourquoi nous ne pouvons tout simplement pas laisser cela à Tepco tout seul", a-t-il asséné. Une analyse confirmée par le Premier ministre, qui a promis : "au lieu de faire confiance à Tokyo Electric, le gouvernement prendra des mesures".
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Des risques difficiles à évaluer. Pour l’heure, il est difficile de connaître avec certitude l’ampleur de la menace. Juste après la catastrophe, Tepco avait été autorisé par le gouvernement à déverser de l’eau contaminée dans le Pacifique. Mais ce déversement a été très critiqué par les pays voisins et par les pêcheurs japonais, car cette eau toxique peut affecter les poissons et les humains qui les consomment. Quelque 3.000 techniciens travaillent encore d'arrache-pied sur le site pour préparer son démantèlement. Mais ils sont constamment confrontés à des avaries dans des lieux inaccessibles en raison de la radioactivité.