Sur l'échelle des accidents nucléaires, c'est le niveau le plus haut. Le Japon a porté mardi son estimation de la gravité de l'accident survenu à la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi à 7, soit le niveau maximal et le même que l'accident de Tchernobyl en 1986. Les experts soulignent cependant que les conséquences des deux accidents sont incomparables.
Pas de reprise du contrôle
Les ingénieurs de Tokyo Electric Power (Tepco), l'exploitant de la centrale, ne parviennent toujours pas à reprendre le contrôle du site de Fukushima-Daiichi, où un incendie a été maîtrisé mardi. Deux répliques du séisme du 11 mars ont encore ébranlé le Japon lundi et mardi, sans infliger de dégâts supplémentaires à la centrale de Fukushima-Daiichi. L'estimation de la gravité de l'accident nucléaire porte sur la situation initiale et non sur la situation actuelle.
"Il s'agit d'une évaluation préliminaire qui doit être entérinée par l'Agence internationale de l'Energie atomique", a déclaré un responsable de l'agence japonaise de sûreté nucléaire (Nisa), qui a effectué cette annonce. "C’est une alerte qui est donnée à l’ensemble de la population japonaise et de la population mondiale que nous sommes dans une situation d’accident très sérieux", a expliqué, mardi, Bernard Bigot, administrateur général du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), sur Europe 1. 'Il y a des conséquences durables potentielles', a-t-il poursuivi, insistant sur la nécessité de respecter les mesures de sécurité données par le gouvernement japonais, "comme ne pas planter de riz cette année dans la zone".
10% de la quantité émise par Tchernobyl
Les émissions de particules radioactives en provenance de Fukushima-Daiichi représentent pour le moment environ 10% de la quantité émise par la centrale de Tchernobyl, en Ukraine, après l'explosion survenue en 1986, a cependant souligné la Nisa. Mais elles pourraient être finalement plus importantes qu'à Tchernobyl, car elles n'ont toujours pas cessé. Murray Jennex, expert du nucléaire, a cependant rejeté toute comparaison entre les deux événements.
"On en est très loin. Tchernobyl, c'était terrible. Cela a explosé, il n'y avait pas de confinement et ils étaient coincés. Leur confinement (à Fukushima) a tenu le coup, la seule chose qui n'a pas résisté, c'est la piscine de combustible qui a pris feu", a dit ce professeur associé à l'université de San Diego, en Californie. L'échelle internationale des événements nucléaires comporte sept niveaux, selon une gravité croissante.
Importante quantité de matières radioactives
Un événement de niveau sept entraîne la libération d'une importante quantité de matières radioactives avec des conséquences sanitaires et écologiques majeures. Un événement de niveau 5, celui auquel était classé l'accident de Fukushima jusqu'alors, implique une libération limitée de matières radioactives, avec des morts. Chaque niveau signifie que la gravité de l'événement est 10 fois supérieure au niveau inférieur.
L'ECHELLE DE GRAVITE DES ACCIDENTS NUCLEAIRES :
NIVEAU 7 : rejet majeur avec effets considérables sur la santé et l'environnement
NIVEAU 6 : rejet important susceptible d'exiger l'application intégrale des contre-mesures prévues
NIVEAU 5 : rejet limité susceptible d'exiger l'application partielle des contre-mesures prévues; endommagement grave du coeur du réacteur ou des barrières radiologiques
NIVEAU 4 : rejet mineur, exposition du public de l'ordre des limites prescrites; endommagement important du coeur du réacteur ou des barrières radiologiques, exposition mortelle d'un travailleur
NIVEAU 3 : très faible rejet, exposition du public représentant une fraction des limites prescrites; contamination grave à l'intérieur du site avec effets aigus sur la santé d'un travailleur; accident évité de peu, perte de barrières
NIVEAU 2 : aucune conséquence à l'extérieur du site; contamination importante à l'intérieur du site avec surexposition d'un travailleur; incidents assortis de défaillances importantes des dispositions de sécurité au niveau de la défense en profondeur
NIVEAU 1 : aucune conséquence ni à l'extérieur ni à l'intérieur du site; anomalie sortant du régime de fonctionnement autorisé
NIVEAU 0 : aucune importance du point de vue de la sûreté