Dans les premiers temps, les problèmes rencontrés par la centrale nucléaire de Fukushima après le séisme et le tsunami du 11 mars, ont été qualifiés d’"incident" par les autorités japonaises. Mais au fil des jours, et au fur et à mesure que la situation se dégradait, l’"incident" est devenu une catastrophe nucléaire comparable aux précédents de Three Mile Island, en 1979, et de Tchernobyl, en 1986. François Baroin, porte-parole du gouvernement, a même estimé que l’impact de la catastrophe japonais pourrait être au final "supérieur" au désastre ukrainien.
Europe1.fr a comparé les trois accidents nucléaires les plus graves de l’histoire. Pour voir les points de ressemblance, et les différences.
Les circonstances
A Three Mile Island. Aux Etats-Unis comme en Ukraine, des erreurs humaines ont, sinon provoqué, du moins grandement aggravé les crises. A Three Mile Island, c’est par une simple défaillance de l'alimentation en eau des générateurs de vapeur que la catastrophe a débuté. Les pompes de secours sont restées inopérantes car une vanne avait par erreur été laissée ouverte. Du coup, l’un des réacteurs est entré en surchauffe après avoir été privé d'eau pendant quatre heures avant que le circuit de refroidissement ne soit rétabli. Environ dix heures après le début de l'accident, plus de 300 kg d'hydrogène émis par le combustible en fusion ont explosé dans le bâtiment du réacteur, sans provoquer de dégâts majeurs.
A Tchernobyl. La première cause de l’accident est le réacteur lui-même : les autorités soviétiques n’ont pas assez pris en compte les problèmes de sûreté lors de la conception du réacteur à eau bouillante. La seconde cause est la mauvaise maîtrise de l’essai d’un nouveau système de refroidissement de secours du coeur. Lors de cet essai, les opérateurs n’ont pas respecté des consignes de sécurité et ont désactivé certains systèmes d’arrêt et de refroidissement. Enfin, le personnel n’a pas su anticiper et stopper à temps le processus destructeur. Cet engrenage fatal a abouti en quelques secondes à un pic de puissance dépassant de plus de 100 fois la puissance normale du réacteur. Résultat : une déflagration telle qu'elle soulève la dalle supérieure du réacteur, d'un poids de 2.000 tonnes.
A Fukushima. Cette fois, seule la nature est responsable de l’accident. Le séisme, d’une magnitude de 9 sur l’échelle de Richter, a coupé l'alimentation électrique externe de la centrale et de ses six réacteurs la privant de son système de refroidissement principal. Le système de secours se déclenche, mais très vite, le raz-de-marée l'a endommagé été stoppé. Les réacteurs 1, 2 et 3, bien qu'arrêtés automatiquement lors du séisme, ont continué de chauffer, jusqu'à une fusion partielle. Ils ont subi des explosions provoquées par l'accumulation d'hydrogène, comme à Three Mile Island, dont l'une pourrait avoir endommagé l'enceinte de confinement du réacteur numéro 2. Parallèlement, un incendie survient dans le réacteur numéro 4, touchant une piscine d'entreposage du combustible usé, avec un risque de rejet radioactif directement dans l'atmosphère.
Les rejets
AThree Mile Island. L’existence d’une enceinte de confinement a permis de limiter les dégâts. Seule une contamination du bâtiment auxiliaire de la centrale a été à l'origine de faibles rejets dans l'environnement.
A Fukushima. Une telle enceinte existait aussi à Fukushima, mais il semble qu’elle n’ait pas entièrement résisté à la violence du tremblement de terre. Les données précises manquent encore mais des niveaux entre 30 et 400 millisieverts (mSv) ont été relevés autour des réacteurs. A partir d'une dose de 100 millisieverts reçue par le corps humain, les observations médicales font état d'une augmentation du nombre des cancers.
A Tchernobyl. La catastrophe la plus grave en termes de rejets est évidemment celle de Tchernobyl. Les rejets les plus importants se produisent au moment de l’explosion du réacteur, qui projette des produits radioactifs jusqu’à plus de 1.200 mètres de haut. Les rejets se poursuivent jusqu’au 5 mai, sous l’effet de l’incendie consécutif à l’accident puis de l’énergie dégagée en continu par le coeur détruit du réacteur. Au total, ce sont près de 12 milliards de milliards de becquerels qui, en 10 jours, partent dans l’environnement, soit 30.000 fois l’ensemble des rejets radioactifs atmosphériques des installations nucléaires dans le monde en une année. Enfin,
Entre le 26 avril et la mi-mai 1986, un panache radioactif dissémine des éléments radioactifs (iode, césium, etc) sur la plupart des pays d’Europe.
Les conséquences sanitaires
A Three Mile Island. Selon les autorités américaines, l'accident de Three Mile Island, qui n'a fait aucun mort direct, a exposé quelque deux millions de personnes dans la zone à une dose de rayonnements très faible, de l'ordre de 0,01 millisieverts (mSv) en moyenne. La dose maximale d'une personne située à la limite du site aurait été inférieure à 1 mSv, estime l'Autorité de sûreté nucléaire américaine. A titre de comparaison, un examen scanner du thorax peut atteindre 10 mSv.
A Tchernobyl. Parmi les 600 intervenants du premier jour, qui reçoivent les doses les plus élevées, deux sont morts immédiatement de brûlures et 28 autres décèdent dans les semaines qui suivent. De 1987 à 2004, 17 autres intervenants meurent. Quelque 600.000 "liquidateurs", militaires et civils, se sont succédé dans les années suivantes mais, faute de suivi précis, l'impact sur leur santé est difficile à évaluer, comme pour les cinq à six millions de personnes qui vivaient sur les territoires les plus touchés par les retombées radioactives. Selon les Nations unies, l'accident a fait 4.000 morts. Mais le bilan serait de plusieurs dizaines de milliers selon les évaluations officieuses de diverses ONG.
AFukushima. Un technicien a trouvé la mort et onze autres ont été blessés à la suite de l'explosion survenue samedi. Le niveau de radioactivité relevé autour du site, évacué dans sur un rayon de 20km, présente de sérieux risques pour la santé.