L’INFO. Plus de deux ans après la catastrophe, la situation demeure inquiétante à Fukushima. De l’eau contaminée accumulée à la centrale nucléaire japonaise accidentée lors du séisme et du tsunami de mars 2011 pourrait être rejetée volontairement dans l’océan après décontamination. C’est l’une des pistes à l’étude pour tenter de résoudre la crise. Alors que Tepco, l’opérateur de la centrale, semble dépassé par les événements, le Premier ministre japonais Shinzo Abe a promis des mesures rapides.
Un niveau de radioactivité très élevé. Depuis quelques semaines, les informations alarmantes à propos de l’eau radioactive de Fukushima font scandale au Japon. Il y a quelques jours, un réservoir de la centrale a en outre perdu pas moins de 300 tonnes de liquide radioactif, dont une partie s’est déversée dans la mer. Et samedi, Tepco a révélé que près du fond d’un réservoir d’eau de la centrale, la radioactivité atteignait les 1.800 milliSieverts par heure, contre 100 le 22 août. La dose relevée samedi est suffisante pour tuer en quatre heures une personne qui serait exposée à ces radiations. Le 22 août, la radioactivité mesurée était de 100 milliSieverts par heure, soit 18 fois moins. Aucune fuite n’a été détectée au niveau de ce réservoir. En revanche, une autre a été repérée au niveau d’une conduite entre deux autres réservoirs.
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De l’eau déversée dans l’océan ? Lundi, le gouvernement japonais a estimé qu’il devait "intervenir rapidement, y compris en puisant dans les réserves budgétaires", tout en estimant que "la réponse apportée par Tepco atteignait ses limites". Shunichi Tanaka, le président de l’autorité japonaise de régulation nucléaire, a présenté lundi une solution possible : "rejeter de l’eau dans l’océan, à condition que le niveau de contamination radioactive soit ramené sous la limite légale". "Cela ne peut concerner que l’eau très faiblement radioactive, qui aura été assainie", a poursuivi le patron cette instance indépendante, mise en place en septembre 2012. Le seuil appliqué sera celui "admis au niveau international pour les eaux habituellement rejetée par les installations nucléaires en fonctionnement normal".
Un dispositif en panne. Reste que le plan de Shunichi Tanaka comporte une faille de taille : il prévoit en effet d’utiliser un dispositif de décontamination baptisé ALPS, conçu par le groupe Toshiba et… en panne depuis plusieurs mois. Quand bien même il fonctionnerait, cet équipement complexe ne peut a priori filtrer "que" 60 produits radioactif et ne peut pas retirer le tritium, un élément radioactif. Le patron de l’autorité de régulation nucléaire a donc admis que des "moyens supplémentaires" étaient nécessaires.