Fukushima : l'aveu de Tepco

Dans un rapport, Tepco, l'opérateur de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima, fait son mea culpa.
Dans un rapport, Tepco, l'opérateur de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima, fait son mea culpa. © MAXPPP
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avec AFP
La compagnie japonaise admet avoir minimisé les risques de tsunami à Fukushima.

C’est la première fois que Tepco se livre à un tel aveu. La compagnie d’électricité japonaise, qui gère la centrale nucléaire de Fukushima, accidentée le 11 mars 2011, a avoué vendredi avoir minimisé le risque de tsunami. Pourquoi ? Car elle avait peur de devoir fermer le site pour améliorer sa sécurité. L’entreprise fait cette confession dans un rapport de 32 pages, plus d’un an et demi après le tsunami qui a ravagé la centrale.

Jusqu’à présent, le groupe maintenait qu’il était impossible de prévoir un tel raz-de-marée, et donc que les systèmes de protection n’avaient pas pu être conçus en conséquence. Dans ce nouveau rapport, Tepco modifie donc son discours sur la catastrophe.

"Peur latente d’une fermeture"

Le niveau de l'accident à la centrale de Fukushima a été relevé au maximum, soit au niveau 7.

"Il existait une peur latente d’une fermeture jusqu’à ce que des mesures draconiennes de sécurité soient mises en place", peut-on lire dans ce document. "Il y avait cette inquiétude que si de nouvelles et sévères mesures étaient imposées, cela provoquerait une préoccupation sur la sûreté de toutes les centrales existantes", et pourrait donc "donner plus de vigueur au mouvement antinucléaire".

Depuis l’accident, le pire depuis celui de Tchernobyl en 1986, le pouvoir japonais a complètement changé son fusil d’épaule vis-à-vis du nucléaire. Alors qu’il envisageait auparavant d’augmenter la production, il a annoncé, à la mi-septembre, vouloir sortir progressivement et totalement du nucléaire d’ici trente ans.

La population ne veut plus du nucléaire

A l’heure actuelle, la quasi-totalité des 50 réacteurs japonais sont à l’arrêt, soit en raison de séismes passés, soit parce que les nouvelles exigences de sécurité requièrent des travaux de consolidation.

Manifestation anti-nucléaire devant Tepco au Japon

© REUTERS

Dans la population, l’hostilité à l’égard du nucléaire a très largement augmenté. Des manifestations antinucléaires sont régulièrement organisées. A Tokyo, les plus importantes ont rassemblé plusieurs dizaines de milliers de personnes.

Enquête officielle

Tepco est clairement dans le viseur. Visé par des critiques fusant de tous côtés, le groupe avait fait un premier mea culpa, moins poussé, en décembre 2011, admettant avoir été insuffisamment préparé. Avec ses nouveaux aveux, l’entreprise s’aligne finalement sur les conclusions de l’enquête indépendante sur la catastrophe.

>> A lire aussi : [ZOOM] Le rapport qui accable Tepco

Dans un rapport officiel publié en juillet dernier, l’entreprise, comme le gouvernement, étaient sévèrement mise en cause, avec ce constat : la crise de Fukushima aurait pu être évitée.