L’inquiétude persiste à Fukushima. Plus d’une vingtaine de jours après le séisme qui a affecté l’archipel, les techniciens de la centrale nucléaire accidentée ont découvert samedi que de l'eau fortement radioactive s'écoulait dans l'océan Pacifique par un puits fissuré, a annoncé la société exploitante du site, Tokyo Electric Power (Tepco).
"Aujourd'hui, vers 09H30 (00H30 GMT), les ouvriers ont découvert que de l'eau d'une radioactivité de 1.000 millisieverts par heure s'était accumulée dans un puits" proche de la mer, a déclaré un responsable Tepco. "Ils ont alors réalisé que le puits avait une fissure de 20 centimètres et que de l'eau radioactive s'échappait directement dans la mer", a-t-il déploré.
Trois vagues d'analyses d'eau de mer
Tepco a l'intention d’intervenir rapidement en bouchant la fissure. Ensuite, des analyses d’eau de mer seront effectuées pour tester le niveau de radioactivité. Les prélèvements seront faits près de la centrale, ainsi qu'à trois endroits différents situés à 15 kilomètres du site.
Jeudi dernier, Tepco avait mesuré dans de l'eau de mer, prélevée à 300 mètres au sud de la centrale, un taux d'iode radioactif 4.385 fois supérieur à la norme légale. La situation à Fukushima "reste très grave", a confirmé vendredi l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
Le "lessivage" en cause
Les autorités japonaises ne s'épargnent aucun effort pour écarter le risque d'une catastrophe nucléaire à Fukushima (nord-est du Japon). Afin de maintenir le combustible à une température inférieure au point de fusion, des milliers de tonnes d'eau ont été déversées sur les réacteurs. Conséquence de ce "lessivage", d'énormes quantités d'eau contaminée se sont infiltrées dans des galeries techniques souterraines et ont ruisselé jusque dans l'océan Pacifique tout proche.
Cette accumulation d'eau hautement radioactive dans le site est très problématique en termes de stockage et de traitement, mais elle entrave aussi fortement les opérations visant à relancer les circuits de refroidissement de la centrale. Il faudra des années, voire des décennies, pour nettoyer le site.
Une barge destinée à stocker l'eau de mer contaminée qui doit être remorquée vers Fukushima et Tepco pulvérise de la résine sur la poussière radioactive dans le but de l'empêcher d'être colportée par le vent. Le groupe cherche parallèlement à recruter des "liquidateurs" à qui il propose jusqu'à 3.500 euros la vacation pour se rendre dans les zones les plus exposées à la radioactivité.
Le Premier ministre en visite dans le nord-est
Au sommet de l'Etat, Fukushima n'est pas la seule préoccupation. Le Premier ministre Naoto Kan s'est rendu samedi dans le nord-est du pays, une première depuis le tsunami. Le responsable est arrivé de Tokyo en hélicoptère militaire dans le petit port de Rikuzentakata (préfecture d'Iwate), très endommagé par la double catastrophe. Environ 1.000 personnes y sont décédées et 1.300 sont portées disparues.