Il y a quatre ans jour pour jour, le 11 mars 2011, après un puissant séisme, une vague géante s'abattait sur une partie de l'archipel, ravageant la centrale nucléaire de Tepco, à Fukushima. Quatre ans plus tard, l'Express publie des extraits des auditions du directeur de la centrale de l'époque, Masao Yoshida, mort en juillet 2013 d'un cancer de l'œsophage. Ce témoignage, traduit dans un livre par le directeur de recherche de Mine Paris Tech, Franck Guarnieri, raconte les instants d'angoisse de Masao Yoshida, du séisme à l'arrivée de la vague.
"Nous sommes anéantis". Quelques instants après la secousse, Masao Yoshida évoque la confusion et le bouleversement des employés présents sur le site. Face au désarroi de son équipe, l'ancien directeur leur demande de garder leur sang-froid, selon les extraits de son audition devant la commission d'enquête gouvernementale. Un calme qui perdurera après le tsunami : "tout en accomplissant ces tâches administratives, émotionnellement, nous sommes anéantis. Nous ne crions pas".
Mais très rapidement, la pression exercée par le siège social de Tepco, qui livre ses ordres à distance, perturbe l'équipe, selon ce témoignage posthume. Masao Yoshida relate en effet les ordres incohérents et incessants en provenance de Tepco, alors même qu'il est occupé à coordonner les tentatives de refroidissement des réacteurs.
L'homme qui a évité le pire. Masao Yoshida raconte également avoir reçu des ordres du gouvernement : une confusion qui l'a mené a désobéir aux ordres. "Pourquoi étais-je obligé de parler directement avec le gouvernement, qu’est-ce que faisait le siège ? J’ai toujours trouvé ça insensé", rapportait l'ancien directeur de la centrale, cité par Les Echos.
Rendus publiques en septembre dernier, ces transcriptions d'audition sont à charge contre les dirigeants de l'époque. En revanche, Masao Yoshida y apparaît comme l'homme qui a évité une catastrophe plus importante. Comme le rappelait le correspondant de RFI au Japon, les experts nucléaire avaient assuré que grâce à son action, le pire avait été évité. Malgré ces efforts, Fukushima reste aujourd'hui une bombe à retardement, notamment en raison de l'eau contaminée.
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