Les médias britanniques prédisaient un afflux massif de Bulgares et Roumains mais semblent n'en avoir trouvé qu'un seul: Victor Spirescu, arrivé dès le 1er janvier pour travailler au Royaume-Uni et devenu depuis une célébrité. Enchaînant interviews et plateaux télévisés, ce Roumain âgé de 30 ans est le visage de ces travailleurs migrants dont l'arrivée en masse est redoutée en Grande-Bretagne.
Saturday interview: Victor Spirescu, a migrant from Romania http://t.co/wrrnZMkDK3pic.twitter.com/BLoeHjHour— The Times of London (@thetimes) 3 Janvier 2014
Bonnet beige vissé jusqu'aux yeux et barbe clairsemée, le jeune homme avait eu la surprise en débarquant à l'aéroport de Luton (nord de Londres) d'être accueilli par une marée de caméras et deux parlementaires, le jour de la levée des restrictions frappant les travailleurs de son pays et de Bulgarie. L'attention s'était portée sur lui car il était l'un des rares passagers de son vol en provenance de Tirgu Mures (centre de la Roumanie) à venir pour la première fois au Royaume-Uni, la plupart des autres y résidant déjà.
"Je ne suis pas venu voler votre pays. Je suis venu travailler et ensuite rentrer chez moi", s'était aussitôt défendu le jeune homme, qui a laissé sa fiancée derrière lui en Transylvanie, le temps de gagner suffisamment d'argent pour rénover le logement qu'ils y ont acheté. Le Daily Telegraph s'est même rendu sur place pour interviewer la jeune femme de 19 ans, Catalina Curcean, photographiée devant la maison délabrée du couple dans le village de Pelisor. Victor Spirescu, qui selon The Times a exercé en Roumanie notamment les métiers de berger, électricien et mécanicien, a trouvé depuis son arrivée au Royaume-Uni un emploi comme laveur de voitures.
Lui-même n'en revient pas de sa nouvelle notoriété: "Quand je vais au supermarché, tout le monde me regarde. J'ai entendu une petite fille dire à sa maman, tiens c'est le type de la télé", racontait-il dimanche sur Sky News, ajoutant que les gens qu'il a jusqu'ici rencontrés ont été "très amicaux". Devant les inquiétudes suscitées par l'ouverture complète du marché du travail à ces ressortissants des deux pays les plus pauvres de l'UE, le Premier ministre David Cameron a restreint l'accès des immigrés aux allocations sociales. Interviewé sur la BBC, il a de nouveau refusé dimanche de donner une estimation du nombre de Roumains et Bulgares attendus au Royaume-Uni, rappelant que le gouvernement travailliste de l'époque avait largement sous-estimé les arrivées d'immigrants après l'entrée de la Pologne dans l'UE en 2004, qui ont été "de plus d'un million".