Dans le camp de réfugiés de Chati, au nord-ouest de Gaza, des chaussures de petite taille baignent dans des flaques de sang. Lundi, sept enfants qui jouaient sur une aire de jeu y ont été tués. Le point d’impact a percé le béton, entre deux immeubles grêlés d’éclats. "J’ai vu le projectile, ça a fait ‘tss’", raconte à Europe 1 un témoin dont la chemise est passée en un instant du blanc au rouge.
"Certains avaient perdu une jambe". Le projectile "est tombé sur les enfants qui jouaient là, devant mes yeux. Il les a heurtés, certains avaient perdu une jambe, d’autres un bras, d’autres étaient décapités. J’en ai amené deux à l’hôpital dans ma voiture", poursuit-il.
Le reportage de l'envoyée spéciale d'Europe 1 à Gaza :
Un homme à la barbe fournie s’interpose alors. Il fait partie de la "résistance", c’est-à-dire du Hamas. Pour lui, "ce ne sont pas ces enfants qui comptent". "Malgré cela, je vous le dis, le combat va continuer, la résistance va se durcir. La résistance doit lutter", martèle-t-il.
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Des enfants martyrs. Ses propos laissent sans voix. Mais à Gaza, la mort est toujours politique et l’émotion hystérique. A la morgue, des dizaines d’habitants s’agglutinent dans la salle d’autopsie, près du corps d’un enfant déchiqueté. On respire le sang et la sueur, les parents s’effondrent. Trois bâches blanches qui enveloppent les dépouilles passent de mains en mains, au-dessus des têtes.
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A l’extérieur, le chef des urgences craque et répète en boucle : "pourquoi ils tuent des enfants ?". "Ils", ce sont les Israéliens, qui affirment que le Hamas est à l’origine du tir qui a tué les enfants. Pour Gaza, qui accuse Israël, ces enfants sont déjà des martyrs. Deux dépouilles sont brandies, à la tête d’un cortège qui se forme dans la rue.
D’après l’ONU, les trois-quarts des Palestiniens tués à Gaza depuis le début de l’opération israélienne "Bordure protectrice" sont des civils, et 20% sont des enfants.