Depuis trois jours, les journées très meurtrières s’enchaînent à Gaza. On est rapidement passé de 300 à près de 600 morts dans l’enclave israélienne. Le bilan commence à sérieusement inquiéter les habituels négociateurs de la paix au Proche-Orient, comme l’ONU et les Etats-Unis, ou encore la Ligue arabe. Une diplomatie à toute épreuve pour Washington, qui s’est dit "inquiet des conséquences de l’effort entrepris par Israël, approprié et légitime, pour se défendre". Pour résumer la position des Etats-Unis, Israël a le droit de bombarder mais John Kerry déplore que des maisons (et leurs habitants) soient détruites.
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John Kerry, le secrétaire d’Etat américain, et Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU, sont donc au Caire, mardi, pour tenter d’arracher un cessez-le-feu aux deux camps. Mais la partie s’annonce compliquée. Pour preuve, John Kerry lui-même ne sait pas encore quand il pourra repartir de la capitale égyptienne.
Rester dans le flou. Quant aux termes du contrat, le secrétaire d’Etat américain et le secrétaire général de l’ONU restent bien flous. Dans l’idéal, bien sûr, les deux diplomates veulent une paix durable au Proche-Orient, et plus réalistement, un cessez-le-feu avec un arrêt de l’opération israélienne "Bordure de protection". Ban Ki-moon, lui, préfère demander que "la violence cesse immédiatement". John Kerry, de son côté, s’abstient de tout terme précis. Son entourage, en revanche, confirme que leur "objectif ici est de parvenir à un cessez-le-feu le plus vite possible. Cela ne signifie pas que cela ira vite et certainement pas que sera facile, mais c’est le but".
De la mauvaise volonté des deux côtés. Pas facile, le terme est un euphémisme. Car ni le Hamas, ni Israël ne semble avoir réellement envie de cesser les hostilités. Tel Aviv dit vouloir la paix, mais être contraint à la guerre par les roquettes incessantes lancées contre son territoire. Le gouvernement de Benyamin Netanyahou reste déterminé à poursuivre ses opérations militaires, dont le volet terrestre a débuté jeudi dernier.
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La semaine dernière pourtant, lors des négociations chapeautées par l’Egypte, Israël seul, sans le Hamas, avait accepté une trêve de quelques heures pour permettre aux secours palestiniens de faire leur travail. Mais mardi, le ministre israélien chargé des Services de renseignement, Youval Steinitz, a estimé que les "combats risquent de durer", alors que son collègue aux Communications, Gilad Erdan, jugeait que ce n’était "pas le moment de parler d’un cessez-le-feu".
La rhétorique de l’autre partie ne donne pas plus d’espoir pour les négociateurs égyptien, américain et onusien. Si des membres du Djihad islamique, une organisation combattante, pourrait accepter une trêve de quelques heures pour approvisionner des civils, le Hamas, lui, campe sur ses positions. Ismaïl Haniyeh, un des pontes du mouvement, pose des conditions drastiques : "L’arrêt de l’agression, la libération des prisonniers et la levée totale du blocus israélien" de Gaza, imposé depuis 2007. Inacceptable pour Israël.