"M. Gbagbo est pénalement et personnellement responsable, en tant qu'acteur indirect, de quatre chefs de crimes contre l'humanité, à savoir meurtre, viol et autres formes de violences sexuelles, persécutions et autres actes inhumains, qui auraient été commis sur le territoire ivoirien du 16 décembre 2010 au 12 avril 2011", a déclaré la CPI dans un communiqué.
Quatre mois de chaos
Ce dernier, publié mercredi matin, dévoile les raisons du transfèrement à La Haye dans la nuit de mardi à mercredi de Laurent Gbagbo. A la tête de l'Etat ivoirien de 2000 jusqu'à son arrestation en avril, il est le premier ancien chef d'Etat remis à la CPI, qui a parallèlement inculpé le président soudanais Omar Hassan al Bachir pour des crimes au Darfour.
Depuis son arrestation en avril, Laurent Gbagbo était placé en résidence surveillée à Korhogo, dans le Nord du pays. A la tête du pays depuis 2000, il avait refusé de reconnaître la victoire de son rival Alassane Ouattara à l'élection présidentielle le 29 octobre 2010, plongeant le pays dans le chaos. Quatre mois de conflit sanglant s'est ensuivi entre les deux camps, faisant "au moins 3.000 morts" selon le procureur de la Cour pénale internationale Luis Moreno-Ocampo.
"Pas le dernier"
Lors d'une visite à Abidjan le 15 octobre, le procureur de la CPI avait promis une enquête "impartiale" et indiqué qu'il ciblerait "trois à six" personnes ayant les plus lourdes responsabilités dans les crimes. Dans ses déclarations mercredi, il a reconfirmé ses propos. "Justice sera faite pour les victimes ivoiriennes de crimes commis à grande échelle : M. Gbagbo est le premier à devoir rendre compte de ses actes. Il ne sera pas le dernier", a-t-il déclaré.
"L’enquête suit son cours. Nous continuerons de recueillir des éléments de preuve en toute impartialité et en toute indépendance, et nous saisirons la Cour d’autres affaires, quelle que soit l’affiliation politique des personnes concernées", a ajouté Luis Moreno-Ocampo, selon lequel "il apparaît que des crimes ont été commis dans les deux camps".
Tourner la page
Du côté des nouvelles autorités ivoiriennes, on ne cachait pas depuis plusieurs semaines son impatience de voir Laurent Gbagbo transféré à La Haye. Cet éloignement de l'ancien homme fort était pressenti comme une condition de la réconciliation voulue par le pouvoir.
Mais ce transfèrement est fortement critiqué par le camp Gbagbo, qui voit là une "justice des vainqueurs". Me Lucie Bourthoumieux, l'une des avocates de l'ancien président, a affirmé que le mandat d'arrêt de la CPI édicté le 23 novembre était "illégal" et qu'il allait "exacerber les antagonismes entre toutes les parties.