Quel rôle Laurent Gbagbo a-t-il joué dans la crise ivoirienne ? Pourquoi n’a-t-il pas accepté le verdict des urnes ? A-t-il tenté d’apaiser la situation ? Quelles relations a-t-il entretenues avec les milices qui ont ensanglanté le pays quatre mois durant ?
Autant de questions auxquelles l’ancien président de la Côte d’Ivoire va commencer à répondre lundi, lors de sa première comparution devant la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye.
Une première étape procédurale
Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, les juges vont vérifier lundi son identité et s’assurer qu’il a été informé clairement des charges portées contre lui et des droits que lui reconnaît le Statut de Rome, le traité fondateur de la CPI.
Transféré le 30 novembre du Nord ivoirien vers La Haye, Laurent Gbagbo est soupçonné de crimes contre l'humanité, à savoir meurtre, viol, actes inhumains et persécution commis entre le 16 décembre 2010 et le 12 avril 2011. Ce dernier s’estime au contraire victime de la "justice des vainqueurs" et promet de livrer une longue bataille judicaire.
"Une base raisonnable" pour des accusations
Laurent Gbagbo, 66 ans, faisait l'objet d'un mandat d'arrêt sous scellés émis le 23 novembre et rendu public mercredi dernier. Son refus de céder le pouvoir à son rival et actuel président Alassane Ouattara avait plongé le pays dans une crise meurtrière qui avait fait 3.000 morts.
Les juges ont autorisé début octobre le procureur à enquêter en Côte d'Ivoire, estimant qu'il y avait "une base raisonnable" pour croire que des attaques avaient été commises contre la population civile à la fois par le camp de Laurent Gbagbo et par celui d'Alassane Ouattara.
Ses proches dénoncent "une erreur judiciaire, une tromperie"
"La présence du président Laurent Gbagbo dans le box des accusés est manifestement une erreur judiciaire, une tromperie", a réagi lundi matin son conseiller, Toussaint Alain. "Nous dénonçons le parti pris d’une procédure insensée, prétendument judiciaire, qui a conduit au transfèrement illégal et à l’incarcération tout aussi illégale du président Gbagbo, victime expiatoire d’une justice politique", a-t-il poursuivi.