L'ambassadeur de France de Côte d'Ivoire n'est plus reconnu comme tel par le gouvernement de Laurent Gbagbo. L'équipe du président sortant a "mis fin à l'accréditation" samedi de Jean-Marc Simon, ambassadeur de France en Côte d'Ivoire. Agé de 63 ans, l'ambassadeur de France a présenté le 7 juillet 2009 ses lettres de créances au président Gbagbo. "Il est maintenant considéré comme un sans-emploi, un citoyen français, ordinaire, qui n'est plus pour nous un interlocuteur", a expliqué le porte-parole du gouvernement de Laurent Gbagbo, Ahoua Don Mello.
"Nous avons reçu une note verbale du ministère (français) des Affaires étrangères signalant qu'ils avaient accrédité Ali Coulibaly comme ambassadeur de Côte d'Ivoire en France", a ajouté le porte-parole. Ali Coulibaly a été nommé par Alassane Ouattara, l'autre président ivoirien proclamé à l'issue du second tour de l'élection le 28 novembre et déclaré vainqueur de la présidentielle par la commission électorale.
Une action sans "effet juridique"
Le gouvernement a pris les devants, alors qu'il n'en avait pas les pouvoirs, selon la France. Cette décision est "dépourvue de tout effet juridique", a assuré le ministère des Affaires étrangères.
Le Quai d'Orsay a rappelé la position constante de la France qui reconnaît "sans réserve" Alassane Ouattara comme président et donc "la légitimité des déclarations faites par son gouvernement ou au nom de son gouvernement". A l'inverse, "les positions et déclarations prétendument faites au nom de la Côte d'Ivoire par ceux qui ne tirent pas les conséquences des résultats de l'élection présidentielle sont jugées illégales et illégitimes par la France", a ajouté Paris.
Un nouvel ambassadeur à venir
Emboîtant le pas de l'ONU et dans le cadre d'une décision collective de l'Union européenne, la France avait donné le 12 janvier son agrément à la nomination par Alassane Ouattara d'Ali Coulibaly, au risque d'un nouvel accès de tension avec le camp du président sortant.
Pour sa part, l'ambassade a indiqué samedi que Jean-Marc Simon n'avait "pas encore reçu le courrier" indiquant qu'il n'était plus accrédité.
Le gouvernement de Laurent Gbagbo avait déjà renvoyé début janvier de Côte d'Ivoire les ambassadeurs britannique et canadiens, en application d'un "principe de réciprocité" après le retrait par ces deux pays des accréditations aux ambassadeurs ivoiriens. La décision avait été immédiatement rejetée par Londres et Ottawa.