Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a dénoncé mercredi une montée de l'islamophobie et du racisme en Europe, affirmant que le vote en France d'un texte de loi pénalisant la négation du génocide arménien constituait la "manifestation grave d'un danger insidieux en Europe". "Derrière cette loi (...) se cache une mentalité, une approche raciste indéniable. Pour cette raison il ne s'agit pas d'une affaire qui concerne seulement la Turquie et la France mais d'une question directement liée à l'Europe, à l'Union européenne", a-t-il dit. Il s'exprimait lors d'une réunion de son parti de la Justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste), au pouvoir à Ankara.
"Je tiens à prévenir sincèrement nos amis européens", a dit Recep Tayyip Erdogan, estimant que la loi française, qui a provoqué la colère de la Turquie, est "la manifestation grave d'un danger insidieux en Europe".Il a prévenu que la Turquie "n'est pas un pays qui restera silencieux et qui cèdera devant la montée insidieuse de l'islamophobie et du racisme en Europe". Recep Tayyip Erdogan a de nouveau salué la saisine mardi par des parlementaires français du Conseil constitutionnel pour bloquer la loi, votée la semaine dernière au Sénat, estimant que si le texte est finalement promulgué, des "dégâts irréparables" seraient à prévoir dans les relations bilatérales. "J'espère et je crois que le Conseil constitutionnel agira avec bon sens", a-t-il ajouté.
La démarche des élus français a pour effet immédiat la suspension de la promulgation de la loi par le président Nicolas Sarkozy, qui l'avait voulue, et a été saluée par Ankara comme un premier pas vers une "détente" avec Paris. La loi punit d'un an de prison et d'une amende la négation de génocides reconnus comme tels par la loi française, dont le génocide arménien. Le vote du texte en premier lieu par l'Assemblée nationale a provoqué une crise profonde avec la Turquie, qui ne reconnaît pas le caractère génocidaire des massacres d'Arméniens perpétrés en Anatolie sous l'Empire ottoman.