Le Franco-Rwandais Claude Muhayimana a été interpellé à Rouen, mis en examen et écroué dans la nuit de mercredi à jeudi dans une enquête menée à Paris sur le génocide de 1994, a appris l'AFP de source judiciaire.
Une arrestation en pleine commémoration. Cette mise en examen, menée dans le cadre d'une information judiciaire ouverte en juin, intervient après le refus en février, au nom du principe de non-rétroactivité, de la Cour de cassation d'extrader ce quinquagénaire, que Kigali accuse d'avoir participé aux tueries de 1994. "Cela me paraît aberrant qu'il ait été placé en détention provisoire alors qu'il a des garanties de représentation. Je m'étonne beaucoup de l'activation de ce dossier en pleine commémoration du génocide au Rwanda", a réagi l'avocat de Claude Muhayimana, Me Philippe Meilhac.
Accusé de crime à Kibuye. Son client "a répondu devant toutes les juridictions qui l'ont convoqué et il y en a beaucoup", a déclaré l'avocat dont le client a obtenu la nationalité française en 2010. L'enquête visant Claude Muhayimana fait suite à une plainte déposée début juin par le Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR), une organisation traquant les génocidaires présumés. Le CPCR accuse notamment M. Muhayimana de crimes dans la ville de Kibuye, dans l'ouest du pays, et ses alentours.
Un coup de froid sur les relations franco-rwandaises. Les relations entre la France et le Rwanda traversent actuellement une nouvelle crise après des affirmations du président Paul Kagame sur l'implication de la France dans le génocide de 1994 qui a fait 800.000 morts en trois mois. Le Rwanda avait pris "acte" du refus de la Cour de cassation de rejeter l'extradition de Claude Muhayimana et de deux autres Rwandais que sa justice réclamait. Cette décision consacrait aux yeux de l'ambassade du Rwanda en France "une nouvelle fois l'impunité" dont bénéficient des "personnes vivant sur le territoire français" et auxquelles "il est reproché d'avoir participé au génocide des Tutsi au Rwanda en 1994".
Contrairement à plusieurs pays comme le Canada ou la Norvège, la France n'a jamais extradé de génocidaires rwandais présumés. Plus d'une vingtaine d'enquêtes sont cependant en cours au pôle crimes contre l'humanité du tribunal de grande instance de Paris sur des Rwandais soupçonnés d'avoir participé aux tueries de 1994. En mars, pour la première fois, la justice française avait condamné un Rwandais, Pascal Simbikangwa, pour sa participation au génocide. Il s'est vu infliger une peine de 25 ans de réclusion. Il a fait appel.
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