C'est l'une des pires exactions de l'IRA : l'enlèvement et exécution, en 1972, d'une mère de famille protestante, informatrice présumée de l'armée britannique. Malgré les plus de 40 ans qui se sont écoulés, l'enquête a été relancé la semaine dernière et Gerry Adams, figure de proue du Sinn Fein, a été entendu par les policiers irlandais. Mis en cause par un témoignage, Adams dément toute implication. Il a été libéré dimanche soir. Son dossier a été transmis aux services du procureur, à qui il reviendra ultérieurement de décider d'inculper ou non Gerry Adams.
L'arrestation de Gerry Adams, mercredi soir, avait entraîné un regain de tension entre Républicains du Sinn Fein et Unionistes, alliés au sein du gouvernement d'Irlande du Nord. Tout au long des quatre jours de garde à vue d'Adams, les Républicains ont reproché à la police de vouloir nuire politiquement au Sinn Fein, à trois semaines des élections européennes et locales. De leur côté, les Unionistes ont accusé le Sinn Fein d'essayer de faire du chantage à la police. Gerry Adams "s'inquiète des dégâts que (sa garde à vue) peut causer sur l'image de la police, et de voir à quel point cela a été mal géré", avait commenté dans l'après-midi un élu du Sinn Fein, Gerry Kelly, après avoir pu s'entretenir avec le leader de son parti au poste de police.
Gerry Adams est dans le collimateur de la justice depuis 1973 et les accusations portées par Dolours Price. Cette ancienne militante de l’IRA, Dolours Price avait posé une bombe à Londres en 1973. Emprisonnée sept ans, elle avait alors accusé Gerry Adams d’être le meurtrier de Jean McConville, allégations niées depuis par le principal intéressé. L'enlèvement et le meurtre de Jean McConville est l'un des crimes les plus marquants des trente ans du conflit interconfessionnel qui a fait 3.500 morts en Irlande du Nord. Cette femme de 37 ans, veuve et mère de 10 enfants, avait été enlevée chez elle en décembre 1972, au paroxysme des "troubles", par un commando de l'IRA, dans le quartier catholique des Falls, à Belfast-ouest. Elle faisait partie des "disparus" dont l'IRA n'a admis le meurtre, d'une balle dans la nuque, qu'en 1999. Son cadavre enfoui sous une plage a été retrouvé quatre ans après. Une enquête policière a démenti qu'elle était une "informatrice" comme l'en accusait l'IRA.
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