> Newt Gingrich retrouvera ses adversaires dans la course à l'investiture républicaine mardi pour une primaire décisive en Floride.
Newt Gingrich est un polémiste hors-pair. A 68 ans, le vainqueur de la primaire républicaine en Caroline du Sud se démarque de son adversaire Mitt Romney par son style mais aussi par sa verve naturelle.
Homme rondouillard, à la crinière blanche, Newt Gingrich est un véritable animal politique. Le virus, il affirme l'avoir attrapé à 15 ans, en visitant un champ de bataille à Verdun, en France. Historien de formation, il a consacré une thèse à La politique d'éducation belge au Congo : 1945-1960, produit plus d'une vingtaine de livres et de documentaires comme Les neuf jours qui ont changé le monde ou La redécouverte de Dieu en Amérique.
En 1978, Newt Gingrich remporte l'élection à la Chambre des représentants dans une circonscription d'Atlanta en Géorgie. Prêt à tout pour s'emparer du perchoir, il monte une campagne contre le président de la Chambre, Jim Wright. Face aux attaques incessantes de Newt Gringrich, Jim Wright, qui avait omis de déclarer les revenus tirés d'un livre, finit par jeter l'éponge en 1989.
Bill Clinton cible de ses attaques
L'ambitieux élu parvient à ses fins en 1994, à la faveur de la victoire républicaine aux législatives et incarne alors une opposition résolue au président démocrate Bill Clinton. Devenu speaker de la chambre basse, il part en guerre contre le 42ème président des États-Unis.
"Newt Gingrinch a mené la révolution conservatrice dans les années 90. Il a mené la vie dure à Bill Clinton notamment au moment de l’affaire Monica Lewinski alors qu’il avait une liaison avec celle qui est devenue sa troisième épouse par la suite", rappelle Nicole Bacharan.
"Il traite ses femmes comme de vieilles voitures" :
Mais tout le monde n'adhère pas à ses méthodes. Rattrapé par une affaire de revenus non déclarés et par la cuisante défaite de Républicains aux élections législatives, il est contraint à la démission en 1998. Newt Gingrinch s'engage alors dans les affaires. Non sans succès.
"Il lance un centre de réflexion sur la santé, une boîte de com qui lui organise des conférences à 60.000 dollars pièce (45.600 euros), écrit plus d'une vingtaine de livres, dont des romans de politique-fiction célèbres pour ses scènes de sexe torrides. Mais c'est surtout son action de consultant - traduisez lobbyiste - pour le compte des compagnies pétrolières ou de l'industrie de la santé qui lui rapporte de l'argent. Entre 2001 et 2010, il a empoché plus de 100 millions de dollars (76.000 euros) grâce à ses différentes activités", précise Le Point.
Au printemps 2011, le vétéran de la politique décide de remonter en selle. Mais au lieu de fourbir ses armes, le candidat à la primaire républicaine préfère partir en croisière avec sa dernière épouse, Callista. Une partie de son équipe de campagne déserte alors le navire. Sa victoire en Caroline du Sud et sa récente ascension dans les sondages tient donc presque du miracle.
Le candidat "anti-élites"
Ses idées politiques sont celles d'un conservateur du Sud, sa référence Ronald Reagan. Il dénonce volontiers les médias et les "élites de New York et Washington", et s'enorgueillit de faire peur à l'establishment.
"Il est très méchant et extrêmement efficace. C’est ce qui fait son succès actuel. Les débats ont fait sa force, beaucoup plus que l’argent. Il a réussi a refléter la colère, la frustration d’une partie de l’électorat qui était très fâchée contre Washington, contre les élites", insiste Nicole Bacharan. "Il a repris ce discours anti-élite, anti-médias. Les gens votent pour lui parce qu’ils haïssent Obama et qu’ils veulent le voir quitter la Maison-Blanche. Ils pensent qu’avec sa pugnacité, sa méchanceté il est le plus à même de battre Obama. C’est la colère qui fait son succès. Il a piqué une colère contre le journaliste de CNN lors du dernier débat en Caroline du sud et là, il a décollé dans les sondages", ajoute la politologue.
John King l'interpellait sur les déclarations de son ex-femme, Marianne avec laquelle il est resté marié 18 ans. Le portrait brossé ? Celui d'un libertin très éloigné des idées conservatrices qu'il défend, une épine dans le pied pour la conquête de l'électorat évangélique.
"Je suis abasourdi de constater que CNN reprenne de tels ragots" :
Habitué aux casseroles en tous genres
Seul hic, Newt Gingrinch semble aussi habitué aux gaffes en tous genres. Lors d'une interview accordée à la chaîne américaine Jewish Chanel sur la politique américaine au Proche-Orient, l'aspirant président a déclaré que le peuple palestinien avait été "inventé", que "ces gens" étaient "des terroristes" et qu'ils enseignaient "le terrorisme dans leurs écoles."
Gingrich a-t-il des chances ? Pour Nicole Bacharan, "on est dans une totale incertitude". "Dans les derniers sondages nationaux, un face-à-face Romney/ Obama, ils seraient très prêts l’un de l’autre. Un face-à-face Obama/Gingrinch, le président gagnerait par quinze ou vingt points d’écart".
Sur le papier Mitt Romney semble donc la meilleure option pour reconquérir la Maison-Blanche. Mais il y a un hic, "Romney est visiblement le candidat dont les électeurs républicains ne veulent pas", conclut Nicole Bacharan.