C'est une première en Australie. Google a été condamné lundi à 200.000 dollars australiens (environ 160.000 euros) de dommages et intérêts pour diffamation. Sa faute ? Sa qualité d'éditeur après la publication sur le moteur de recherche d'informations liant le plaignant à la pègre locale.
Sur la toile, Milorad Trkulja, un producteur de musique de 62 ans, était associé aux grandes figures du crime à Melbourne.
Une balle dans le dos
Cet homme de 62 ans a déménagé en Australie dans les années 70 après avoir quitté la Yougoslavie, raconte la BBC. Il est devenu un membre éminent de la communauté yougoslave après avoir animé un show télévisé dans les années 90 : "Micky's Folkfest". En 2004, il a reçu une balle dans le dos tiré par un homme cagoulé alors qu'il était dans un restaurant de Melbourne. Ce tentative d'assassinat n'a jamais été élucidée mais un rapport, cité par le journal australien, Herald Sun, précise que la police n'a établi aucun lien avec la pègre.
Sur Google, des recherches effectuées sur son nom insinuaient pourtant qu'il avait été la cible d'un tueur à gages et proposaient des articles sur un parrain du crime, Tony Mokbel. Elles renvoyaient vers le site "Melbourne Crime" qui recense les actes de délinquance liés au milieu. Cela crée de "fausses insinuations" suggérant que des membres d'une bande rivale avaient engagé un tueur à gage pour l'éliminer.
Google n'a pas bloqué le contenu
Pour la Cour suprême de l'Etat de Victoria, Google doit être tenu responsable des contenus qu'il héberge au même titre que les bibliothèques ou les marchands de journaux "auxquels a parfois été reconnue la qualité d'éditeur dans le cadre de la loi contre la diffamation". Au surplus, Google a omis de bloquer le contenu incriminé malgré les demandes écrites des avocats de Trkulja en octobre 2009.
Google, qui a rejeté sa responsabilité ainsi que la nature diffamatoire du contenu, envisage de faire appel. Car, selon la firme, "les résultats de recherche sur Google reflètent le contenu et l'information disponibles sur la toile", a certifié un porte-parole de la firme. De même, "les sites apparaissant dans les résultats de recherche sur Google sont contrôlés par les administrateurs de ces sites, pas par Google".
Cette année, Milorad Trkulja avait déjà intenté un procès contre Yahoo! pour les mêmes motifs. Il avait été indemnisé à hauteur de 184.000 euros à l'issue du procès.
Des litiges en Allemagne, au Japon et en France
Ce cas australien n'est pas isolé. En France, de nombreuses personnalités avaient leur nom adossé au mot "juif" dans "Google Suggest". Suite au litige qui opposait Google à plusieurs associations antiracistes françaises, la firme a trouvé un accord pour supprimer cette association.
>>> A lire : "Juif" : accord entre Google et les associations
Au Japon, le géant informatique a été condamné à désactiver sa saisie automatique suite à des allégations de crime qui circulaient sur un homme. Enfin, en Allemagne, Bettina Wulff, l'épouse de l'ancien président allemand, a porté plainte contre Google car son nom était associé à "prostituée" et "quartier rouge".